L’accroissement des besoins bucco-dentaires chez les personnes âgées tient principalement à l’augmentation des facteurs suivants¹ :

• du nombre de personnes âgées et très âgées,
• de l’âge de la population qui n’a pas bénéficié de l’utilisation systématique des stratégies fluorées,
• des comorbidités associées qui accroissent le risque de pathologies buccodentaires : diabète, maladies cardio-vasculaires, dénutrition, pathologies systémiques,
• de la prise de médicaments qui retentissent sur la sphère orale,
• des handicaps qui empêchent une hygiène orale correcte,
• de la nécessité de recours à une tierce personne, peu formée aux soins de bouche.

Alors que les besoins de soins augmentent, les barrières d’accès restent nombreuses et sont principalement représentées par :

• l’âge¹,
• les troubles psycho-comportementaux²,
• les difficultés d’accès aux structures de soins : géographique, accueil spécifique, l’accessibilité des cabinets dentaires de ville pour les personnes à mobilité réduite^1-4,
• les difficultés de déplacement (patient ou praticien) : mobilité, tierce personne, fatigue^1,3,4,
• les taux de remboursement des prothèses et de certains soins (parodontologie, fluoration)¹ bien que pour certains auteurs la question des coûts n’était que très secondairement avancée²,
• le refus d’amorcer une prise en charge par les représentants légaux non familiaux²,
• les interventions dans ou pour des établissement peut demander un matériel spécifique de type mallette portatives⁵
• la problématique du délai de rendez-vous et donc de l’urgence³,
• l’absence de besoin ressenti, ou le refus de soins⁵.

Si l’élimination des foyers infectieux est un objectif prioritaire, rétablir la fonction et améliorer le confort et l’esthétique par des traitements, des restaurations conservatrices ou prothétiques reste possible.

Les difficultés rencontrées par les soignants lors de la prise en charge des personnes âgées sont le plus souvent :

• Un état de santé général avec comorbidités, polymérisations impliquant d’éventuelles contre-indications à certains actes ;
• La faible mobilité du patient, les difficultés d’hyperextension du cou ou d’être en position allongée peuvent compliquer la réalisation de certains soins ;
• La plus grande prévalence de caries radiculaires d’accès difficile⁶ ;
• La plus grande fatigabilité limitant les possibilités des soins longs ;
• Les difficultés de déplacement qui nécessitent parfois une tierce personne et augmentent le risque d’annulation de séances de soins ;
• La possibilité de fausse route et donc d’inhalation chez les patients présentant des troubles de la déglutition (phénomène fréquent dans les cas de démences évoluées)² ;
• Le temps d’installation plus long dans des cabinets déjà surchargés ;
• Les faibles moyens financiers ;
• La diminution des capacités cognitives ;
• « La plus grande crainte de la douleur » ;
• Un consentement éclairé, qui doit parfois être obtenu d’un tiers ;
• L’absence de bénéfice d’un acte qui n’est pas reconnu par le patient comme bienfaisant⁷ ;
• L’absence de motivation, le refus de soin.

Avec l’âge, le refus de travaux dentaires est fréquent et la demande du patient se limite aux soins de confort. Les personnes âgées souhaitent qu’on les laisse tranquilles, ce qui limite les actes à des extractions de dents qui gênent, des réparations ou des adaptions de prothèses blessantes, instables, ou fracturées, le marquage de prothèses pour identification si le patient est en Ehpad⁵.

Les difficultés rencontrées par l’odontologiste lors des soins des personnes âgées expliquent l’importance des mesures préventives.

L’objectif est d’améliorer la qualité de vie de manière à :

• prévenir les pathologies inflammatoires et infectieuses dentaires, parodontales et muqueuses,
• éviter le développement de pathologies infectieuses à distance,
• préserver la relation à autrui en améliorant la communication, l’image de soi, la dignité et l’esthétique et en diminuant l’halitose (mauvaise haleine),
• améliorer les conditions d’alimentation (gustation).

1. Folliguet M. Prévention bucco-dentaire chez les personnes âgées: Direction Générale de la Santé;2006.
2. Mangeney K, Barthélémy H, Vogel T, Rappin B, Sokolakis S, Lang PO. La santé buccodentaire en Ehpad : état des lieux et suivi des recommandations de soins. NPG Neurologie - Psychiatrie - Gériatrie. 2017/04/01/ 2017;17(98):93-99.
3. Pailley D. Santé bucco-dentaire en EHPAD. 2016.
4. Kohli R, Nelson S, Ulrich S, Finch T, Hall K, Schwarz E. Dental care practices and oral health training for professional caregivers in long-term care facilities: An interdisciplinary approach to address oral health disparities. Geriatric Nursing. 2017/07/01/ 2017;38(4):296-301.
5. Ehpad, Restos du Coeur, chirurgiens-dentistes nomades. CLINIC. 2018.
6. Deharvengt H. Vieillissement de la cavité buccale et pathologies bucco-dentaires. 2018; https://www.prevention-medicale.org/Actualites-et-revues-de-presse/Toutes-les-actualites/Chirurgien-dentiste/vieillissement-pathologies-bucco-dentaires
7. Camoin A, Tardieu C, Le Coz P. Problèmes éthiques soulevés par les soins dentaires chez la personne en situation de handicap. Éthique & Santé. 2016/06/01/ 2016;13(2):91-98.