L’exploitation de la fiche de déclaration d’événement indésirable par le groupe de professionnels chargé de la veille a retenu leur attention : cet oubli de soin interpelle les professionnels de santé du COVIRIS qui souhaitent connaitre les raisons qui ont conduit à cet incident, sans conséquence majeure pour la patiente, les comprendre et trouver éventuellement des actions correctrices à mettre en place.
Une analyse de risque a posteriori est donc réalisée par le gestionnaire de risques de l’établissement.
La méthode ALARM, recommandée par la Haute Autorité de Santé, est retenue pour ce presqu’accident.
Cause immédiate
Un début d’infection locale détectée par la patiente (odeurs nauséabondes).
Causes profondes
Facteurs de la grille ALARM | Éléments de contexte - Causes identifiées |
Facteurs liés au patient | - Aucun antécédent médical et/ou chirurgical à retenir.
- Aucun risque particulier présenté par la malade.
- Patiente jeune, qui a peu de connaissances dans le domaine médical, mais qui est très observante pour toutes les consignes données.
- Elle n’a pas été informée de la petite complication en lien avec la pose du spéculum, et moins encore concernant la présence « temporaire » d’un paquet de compresses dans le vagin.
- Elle a vu un médecin avant sa sortie (mais pas le chirurgien). Il s’avère après consultation du dossier qu’il s’agit de l’interne en charge du service d’hospitalisation conventionnelle, mais qui n’a pas participé à l’intervention. Il n’a pas été prévenu oralement de l’incident per-opératoire.
- Elle précise avoir bien ressenti une gêne au niveau du vagin, mais pensait que cela pouvait être lié aux suites normales de l’intervention.
- Elle a constaté cette odeur nauséabonde depuis 48 heures, et c’est lors d’un échange avec une amie qu’elle s’est décidée à venir consulter.
|
Facteurs liés aux tâches à accomplir | - Cette intervention est effectuée régulièrement par cette équipe de praticiens. Les internes, en fin de semestre, étaient correctement informés des pratiques de soins.
- L’ablation du paquet de compresses était précisée dans les transmissions, mais pas dans la planification de soins.
|
Facteurs liés à l’individu (professionnels) | - Les équipes médicales et paramédicales ont le bon niveau de connaissances et de compétences techniques pour réaliser cet acte de soins.
- L’ensemble des professionnels interrogés n’a formulé aucune difficulté pour réaliser ce geste.
- L’IDE de SSPI qui a réalisé la sortie de la patiente n’était pas celle qui l’a accueillie en sortie de salle d’opération. Elle n’avait pas reçu le même niveau d’informations.
|
Facteurs liés à l’équipe | - L’IDE qui a pris en charge la patiente à son arrivée en SSPI, occupée à gérer l’extubation d’un patient, a demandé à sa collègue de s’occuper de la sortie de la patiente. Elle précise n’avoir pas indiqué le point sur le paquet de compresses car les 60 minutes indiquées dans les transmissions n’étaient pas écoulées.
- Il n’existe pas de dispositions pour ce qui concerne les transmissions entre les 2 équipes (SSPI et ambulatoire).
- L’IDE du secteur ambulatoire admet avoir vu le point dans les transmissions concernant le paquet de compresses, mais précise qu’habituellement, il était toujours enlevé en SSPI, car si un saignement était toujours actif, les ressources médicales pour juguler cette complication sont présentes au Bloc. Elle n’a pas vérifié ce point avec la patiente.
- Les effectifs présents n’appellent pas de remarque particulière, que ce soit en SSPI, ou en secteur ambulatoire.
|
Facteurs liés à l’environnement de travail | - La charge de travail dans le service d’ambulatoire était habituelle pour cette journée de la semaine, mais plutôt sur la borne haute en nombre de patients pris en charge.
- La charge de travail au Bloc Opératoire était conséquente : toutes les salles d’opération étaient ouvertes et les flux patients importants. Les durées de présence en SSPI n’ont pas été rallongées inutilement pour permettre une bonne fluidité et permettre l’accueil des malades sans encombre.
- Dans l’organisation mise en place au sein de l’équipe médicale, c’est l’interne qui a pris en charge les patientes au Bloc Opératoire qui les revoit avant leur sortie. Ce jour-là, avec la prise en charge opératoire urgente (Grossesse Extra Utérine (GEU) avec hémopéritoine de 2 litres)., il a demandé à l’IDE d’appeler son collègue du service d’hospitalisation conventionnelle pour le suppléer
|
Facteurs liés à l’organisation et au management | - Le chirurgien qui a pratiqué la conisation de Madame C. n’a pas été informé que l’interne qui l’a assisté ne pouvait faire la visite de pré-sortie de la patiente comme le prévoit l’organisation du service.
- Le mode dégradé a été décidé par les internes, comme la plupart du temps.
- L’interne en charge de l’activité opératoire a reconnu avoir omis d’informer l’IDE et son collègue de la survenue de la plaie vaginale en per-opératoire. La prise en charge de cette GEU avec un pronostic vital engagé l’a complétement accaparé. Aucun examen permettant de contrôler la bonne évolution du traitement mis en place (packing vaginal) n’a été réalisé.
|
Facteurs liés au contexte institutionnel | - L’établissement présente un déficit modéré pour l’exercice en cours, sans déficit cumulé structurel.
- La revue des Événements Indésirables montre que cette typologie d’incident n’a jamais été signalée au cours de l’année en cours, mais 2 fois sur les 3 dernières années.
|
Barrière qui a détecté l’incident :
- Récupération : c’est la malade, en se rendant aux Urgences, qui a permis le constat de l’oubli de ce corps étranger et la mise en œuvre d’un traitement adapté.
Barrières qui n’ont pas fonctionné et qui ont permis l’incident :
- Récupération : absence de transmissions conformes entre IDE de SSPI et IDE du secteur ambulatoire.
- Récupération : absence de transmissions conformes entre les internes.
- Récupération : absence de transmissions conformes entre l’interne en charge de l’activité opératoire et le praticien sénior.
- Atténuation : absence de vérification de l’IDE du secteur ambulatoire qui n’a pas vérifié ce point avec la patiente
- Atténuation : pas d’informations données au praticien sénior. Il n’a pas pu se substituer à son interne, étant très au courant de la situation de la patiente.
- Prévention : une sortie de SSPI trop précoce, au vu des prescriptions médicales concernant le packing vaginal.
- Prévention : l’acte de soin n’a pas été intégré dans la planification, uniquement mentionné dans l’observation médicale.
- Prévention : absence d’informations données à la patiente sur l’incident per-opératoire. Cela aurait permis à la patiente d’être actrice de sa prise en charge.