Le 7 décembre 2009, à 7h20, un étudiant de 18 ans est amené par les pompiers aux urgences d'un établissement hospitalier pour douleur du flanc droit. Aucun antécédent médical ou chirurgical particulier n'est retrouvé à l'interrogatoire.
Lors de l’expertise en mars 2013
Assignation du médecin généraliste devant le tribunal de grande instance par le patient pour obtenir réparation du préjudice qu’il avait subi (septembre 2011).
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Résultat de l’expertise (mars 2013)
L’expert, professeur des universités, chef de service d'urologie, tentait, en premier lieu, de répondre à la question : Peut-on savoir à quelle date ont été détruits les testicules ?
"(...) Le testicule gauche a été perdu dans le courant du mois de février 2010. Quant au testicule droit, il est difficile de préciser la date de sa destruction.
Le patient affirmant n'avoir jamais souffert avant le 7/12/2009, on pourrait émettre l'hypothèse que le testicule droit a été détruit à la suite de la crise douloureuse survenue à cette date. Dans cette hypothèse, une torsion qui aboutit à une nécrose donne forcément des signes bruyants avec une douleur importante et des signes locaux très visibles. Or, il est clair qu'un examen des testicules du patient a eu lieu lors de cette hospitalisation et qu'il n'a pas été retrouvé d'anomalie au niveau du scrotum, comme cela est mentionné dans le dossier. . La perte du testicule droit est donc intervenue après le 7/12/2009
Il est possible qu'un testicule puisse être ischémique de façon incomplète et/ou répétée, aboutissant ainsi à une atrophie progressive en dehors d'une grande crise aiguë. Cela peut se voir lorsqu'il existe des épisodes répétés, cela est peut-être le cas pour ce patient (...)".
A la question : aurait-il fallu montrer le patient à un chirurgien lors de l'hospitalisation du 7/12/2009 ?, l'expert répondait que :"(...) Le patient se plaignait d'un syndrome douloureux abdominal avec irradiation scrotale et, non pas d'un syndrome douloureux scrotal. L'examen du scrotum était négatif. Il n'y avait, dès lors, aucun doute sur une éventuelle torsion testiculaire et, donc, il n'apparait pas fautif dans ce contexte, de ne pas avoir demandé un avis chirurgical (...)".
A la question : le médecin généraliste qui a pris en charge le patient le 10/02/2010, à la maison médicale, a-t-il commis une faute ?
l'expert répondait que :"(...) Ce médecin avait envisagé le diagnostic d'orchite en se fondant sur l'existence d'une hyperleucocytose à polynucléaires et des signes échographiques (qui ne figuraient pas sur le compte-rendu remis à l’expert). On peut remarquer que la valeur de la CRP qui est un signe assez fidèle d'infection, était basse (0,6 mg/l) et qu'il n'existait pas de fièvre (mais notion de frissons). Le résultat de la bandelette urinaire (pourtant demandée) n'était pas mentionné alors que sa positivité en faveur d'une infection aurait été un argument très fort pour le diagnostic d'orchite. Il n'a pas été pratiqué de toucher rectal souvent douloureux en cas d'orchite, du fait d'une réaction prostatique fréquemment associée. Si le généraliste avait demandé une échographie «avec vérification du testicule» (mais cela n'est pas établi), il aurait dû s'assurer que le radiologue répondait à toutes ses interrogations, en particulier si le compte-rendu ne mentionnait pas d'examen de la région scrotale. Enfin, en cas de doute, il est prudent de demander un avis chirurgical.
En ce sens, le médecin généraliste a commis une négligence (...)"
Les préjudices subis par le patient étaient, d'après l'expert , la perte de la fonction exocrine des testicules (fertilité c'est à dire impossibilité définitive d'avoir des enfants) ainsi que celle de leur fonction endocrine (nécessitant une substitution hormonale au long cours) et des troubles psychologiques de la libido chez cet homme jeune qui n'a plus de testicule fonctionnel. L'ensemble correspondant à un déficit fonctionnel permanent évalué à 25%.
L'expert soulignait, toutefois, que : "(...) Seule la perte du testicule gauche présentait un caractère fautif. Le préjudice de ce jeune patient correspond à la perte des deux testicules. La perte d'un seul testicule est évaluée à 5 %. A la date du 10 février 2010, le patient présentait déjà un testicule droit atrophique, comme cela a été montré par l'échographie du 18 février 2010. Le testicule gauche était, donc, un testicule fonctionnellement unique (....)"
Jugement du TGI (mai 2016)
Les magistrats se fondant sur le rapport d'expertise, rappelaient que :
"(...) L'examen clinique et les explorations complémentaires réalisés le 7 décembre 2009 aux urgences hospitalières n'étaient pas en faveur d'une torsion testiculaire et qu'aucune faute n'avait été commise.
En revanche, les arguments en faveur d'une orchite diagnostiquée par le médecin généraliste le 10 février 2010, étaient incomplets et, à tout le moins, discordants...Manifestement, ce diagnostic avait été posé sans procéder à des vérifications suffisantes. Il est patent que la demande d'examen transmise au service d'imagerie, ne concerne qu'une échographie abdominale pour bilan de douleurs abdominales basses para-ombilicales gauches et ne mentionne pas "vérification du testicule gauche".
Par ailleurs ,le médecin généraliste aurait dû vérifier que son confrère échographiste avait bien procédé à toutes les explorations demandées et il aurait , également dû solliciter l'avis d'un chirurgien, car, en tout état de cause, "il est enseigné dans toutes les facultés", que devant un syndrome douloureux scrotal chez le jeune homme, il faut toujours penser à la possibilité d'une torsion testiculaire et qu'il est préférable "d'opérer en excès" pour ne pas laisser passer une torsion (...)
En conclusion, le tribunal retenait la responsabilité du médecin généraliste, "(...) du fait d'une erreur de diagnostic, non imputable à un aléa thérapeutique, mais liée à sa négligence fautive à l'origine des préjudices subis par le demandeur, du fait de la perte de son testicule gauche (...)"
Indemnisation de 246 000€ dont 1 000€ pour les organismes sociaux.
Salut moi aussi j'ai subis une torsion testiculaire en 2014 pour le testicule droite et en 2018 pour le testicule gauche malheureusement je n'ai pas été prise en charge par un spécialiste et aujourd'hui que je vous parle mes deux testicules ont disparus je ne comprend pas ce qui se passe je vient auprès de vous sollicité une aide pour que je puise retrouvé mes testicule en bon état merci d'avance
Il faut se méfier du diagnostic d orchite d autant qu il peut y avoir de la fièvre en cas de torsion, l ' échographie me semble inutile voir dangereuse car opérateur dépendante et elle risque de faire perdre un temps précieux, dans les diagnostics différentiels, la torsion de l hydatide sessile de Morgani qui peut simuler une torsion avec uns douleur à irradiation inguinale et ou abdominale mais sans ascension et horizontalisation du testicule, sans abolition du réflexe crémasterien (mais inconstant) etc mais avec une douleur plus localisée en haut du testicule avec une petite masse palpable, exquisement douloureuse et souvent un " Blue dit sign" qui est er crois pathognomonique . Au moindre doute avis chirurgical en urgence. 3 h pour avoir 100% de chances de sauver la glande.... la médecine est un art difficile tout en nuances, en atypies, en pièges et en choix délicats
le diagnostic de torsion n'est pas toujours évident dans le doute on intervient et... des deux côtés, désolé de ces banalités, mais il fallait les dire et reredire
Les parents connaissent l'appendicite aiguë mais très peu sont informés du diagnostic de torsion du testicule
L"adolescent pubère est souvent réticent et timide et parle tardivement de ses douleurs testiculaires , l'examen doit être systématique
L'epididymite n'est pas le diagnostic à retenir en première intention
Dans les 6h le simple examen clinique ,parfois délicat en raison de la douleur, peut permettre de détordre manuellement le testicule congestionné qui reprends une consistance normale permettant rapidement une consultation spécialisée pour fixation testiculaire
Lors de l'intervention l'absence de fixation du testicule controlateral conduira tôt ou tard à un appel de l'urgentiste à 3h du matin pour le même problème ...