Hibbert, P. D., Molloy, C. J., Schultz, T. J., Carson-Stevens, A., & Braithwaite, J. (2023). Comparing rates of adverse events detected in incident reporting and the Global Trigger Tool: a systematic review. International Journal for Quality in Health Care, 35(3).
Beaucoup d’hôpitaux continuent à utiliser un système de déclaration volontaire des événements indésirables (EI), sans utiliser le système manuel, et plus souvent informatique, des trigger tools qui est pourtant souvent démontré comme plus complet.
Pour mémoire le système des trigger tools repère sur les dossiers des patients une liste d’anomalies (résultats biologiques ou autres anormaux qui n’ont pas été suivi d’une prise en compte évidente marquée dans le dossier). Ces anomalies déclenchent un examen plus approfondi du dossier et permettent souvent la détection d’EI rarement spontanément signalés (par exemple une erreur de diagnostic).
L’étude propose une revue systématique de la littérature pour identifier et quantifier les EI détectés par chaque système (déclaration spontanée vs trigger tools), et ceux détectés par les deux. L’analyse est réalisée à partir de la base PRISMA (Preferred Reporting Items for Systematic Reviews and Meta-analysis).
Au total, 14 études publiées entre 2006 et 2022 sont incluses dans la revue, émanant de 6 pays (9 aux États-Unis). Elles sont toutes hospitalières. Toutes ces études ont fait une analyse par trigger tools de 22 589 dossiers médicaux, avec au final un recensement de 7 166 EI.
Le pourcentage d’EI détectés par les trigger tools qui ont été aussi spontanément signalés va de 0 % à 37,4 % selon les articles, avec une moyenne de 7 %. 12 des 14 études ont trouvé des chiffres de recoupement inférieurs à 10 %.
Les auteurs concluent sur un résultat déjà bien connu, mais ici démontré par le caractère systématique de la revue de littérature : les systèmes de signalement volontaire sous-estiment (très) gravement les événements indésirables, encore plus qu’on ne peut l’imaginer, évidemment au détriment de la sécurité du patient.
Dans ces conditions, trop s’attarder dans les formations et les directives sur la méthode d’analyse des EI, et les suites à donner, comme c’est souvent le cas, peut apparaître comme une erreur en soi, si l’on n’a pas pris soin de recueillir d’abord les bonnes données. C’est une claire incitation à utiliser des méthodes comme celle des trigger tools.
Un article pragmatique qui montre qu’on ne pourra pas ignorer la méthode des global Trigger tools dans le retour d’expérience.