Wu, A. W. (2021). Who are essential workers for patient safety ? Journal of patient safety and risk management, first published 2021, editorial.
Un éditorial d’Albert Wu sur les travailleurs cachés du Covid. Albert WU et le Professeur John Hopkins et pionnier historique du thème du "médecin seconde victime des erreurs médicales".
On a partout dans le monde découvert bien plus de "travailleurs essentiels" pour le Covid qu'on ne l'avait imaginé dans le passé.
"Travailleur essentiel" peut être défini ici comme "celui/celle qui mène une gamme d'opérations et de services qui sont essentiels pour permettre de poursuivre les actions critiques médicales par le terrain".
Pendant la pandémie Covid-19, les autorités américaines ont défini les travailleurs essentiels de première ligne comme le sous-ensemble professionnel susceptible d'être le plus exposé au risque d'exposition professionnelle au Covid, car leurs tâches doivent être exécutées sur place à proximité du public ou de collègues de travail.
Mais dans l'esprit du public, et peut-être dans celui de nombreux administrateurs d'hôpitaux, les travailleurs essentiels comprennent d’abord les professionnels et autres membres du personnel clinique, comme les médecins, les infirmier(e)s, les aides-soignant(e)s et tous les techniciens médicaux, ainsi que les aides et les commis de salle.
On a clairement accordé moins d'attention aux autres membres du personnel, y compris ceux de la maintenance, des services environnementaux, de la restauration, du transport des patients et de la sécurité, entre autres.
Au début de 2020, avec le Covid, il est devenu évident que bon nombre de ces travailleurs moins visibles étaient également essentiels pour maintenir la sécurité des patients et des professionnels de la santé.
Ces travailleurs ont été exposés à un risque personnel accru, ainsi qu'à de l'anxiété et de la peur pour eux-mêmes, et à l'idée de rapporter l'infection à leur famille. La majorité de ces travailleurs ont un salaire relativement bas et appartiennent à des groupes minoritaires défavorisés.
On y retrouve par exemple les travailleurs de la maintenance des bâtiments hospitaliers qui ont travaillé à une vitesse incroyable pour convertir les chambres d'hôpital existantes en unités entières pour accueillir un nombre croissant de patients Covid. De même le travail effectué par les services de nettoyage, et plus globalement de désinfection des sites est devenu une priorité absolue pendant la pandémie.
Les travailleurs de la blanchisserie ont assuré le fonctionnement des installations médicales en lavant draps, blouses et uniformes souillés, souvent dans des espaces mal ventilés, avec un manque de distanciation physique et des protections aléatoires.
Dans le réseau de John Hopkins, tous ces agents ont joué un rôle important dans le maintien de la sécurité au cours de l’année écoulée, souvent au prix de difficultés psychologiques personnelles. Il fallait les aider.
Il y a bien un programme d'aide mentale, émotionnelle et spirituelle (MESH) développé pour aider le personnel de santé à l'hôpital, offrant un service 24 h/24 via plusieurs modes et canaux de bien-être, spirituel, de soins, de premiers secours psychologiques.
Pour autant, cette aide a peu atteint les travailleurs "invisibles". Beaucoup d’entre eux n'étaient même pas au courant de ces programmes ; beaucoup d’entre eux ne lisent pas les dépliants de l'hôpital ou ne les comprennent pas. Et même quand ils avaient entendu parler de l’aide, ils n’ont jamais appelé, considérant que ces programmes ne leur étaient pas destinés.
Bref, un vrai chantier à mettre en place, de la prise de conscience à l’information, jusqu’à l’action !
Un sujet important sur des travailleurs silencieux et sous considérés, mais essentiels à la prise en charge médicale.