James J. A New, Evidence-based Estimate of Patient Harms Associated with Hospital Care, J Patient Saf 2013;9: 122Y128
Depuis 1984 et les célèbres enquêtes d’Harvard, on faisait l’inférence à partir d’une observation limitée que près de 98.000 américains mourraient chaque année d’une erreur médicale.
Une nouvelle étude tente d’actualiser ces chiffres. Elle se base sur 4 études limitées utilisant la méthode des Global Trigger Tools pour rechercher des erreurs dans les dossiers patients. Les auteurs utilisent une classification à trois grandes entrées relatives au temps: Décès à court terme après l’erreur (anticoagulant), erreurs sur le long terme (pneumococcie fatale après une splénectomie non suivie de vaccinations), erreurs non visibles immédiatement mais graves secondairement (infection HepC) et 5 grandes entrées relatives au type d’erreur (commission, omission, communication, contexte, et diagnostic.
Les quatre études considérées ont été publiées entre 2004 et 2011 et l’inférence est une moyenne des résultats de ces quatre études
Une toute première étude de l’IHI considéra seulement 278 dossiers à titre exploratoire et trouva 51EIG. Institute for Healthcare Improvement. IHI Global Trigger Tool Guide. Cambridge MA, 2008. Available at: http://www.ihi.org/knowledge/ Pages/Tools/IHIGlobalTriggerToolforMeasuringAEs.aspx. Accessed July 12, 2012.
Une seconde étude a porté sur 780 patients tirés au sort représentant 1 million de patients médicare sortis de l’hôpital des hopitaux en octobre 2008. Sur ces 780 patients, on note 128 EIG, 12 décès en lien direct, soit 1,5% d’EIG mortel (Department of Health and Human Services, Office of the Inspector General. Adverse Events in Hospitals: National Incidence among Medicare Beneficiaries. Washington, DC; 2010, Available at: http://oig.hhs.gov/oei/reports/OEI-06-09-00090.pdf.
Une troisème étude a porté sur 795 patients traités à l’hôpital en octobre 2004, ces hôpitaux ayant par ailleurs tous obtenu une excellente certification. 167 EIG ont été retrouvés et 9 décès directement associés (dont aucun associé à des erreurs médicamenteuses). Classen, DC, Resar R, Griffin F, et al. ‘‘Global trigger tool’’ shows that adverse events in hospitals may be ten times greater than previously measured. Health Aff. 2011;30:581Y589.
Enfin une quatrième étude portant sur 10 hôpitaux de Caroline du nord également reconnus pour leur Qualité des soins (certification parfaite) montre sur 2341 dossiers d’admission 14 décés liés aux EIAS, soit 0,6% (surtout par infection). Le chiffre relativement bas de décès et sans doute à mettre en rapport avec l’excellence reconnue de ces hôpitaux.
Au total 4252 dossiers dans les 4 études, 38 morts, un taux moyen estimé à 0,89% avec un taux d’évitabilité des EIAS de 0,69%
Avec ce type d’approche, le chiffre 2013 des décès immédiatement imputables à des EIAS évitables ressort plutôt à 210.000 au moins (borne minimale de l’inférence), et 400.000 décès prématurés par an ; Les impacts sévères mais non mortels sur les patients étant 10 à 20 fois supérieur aux décès immédiats.
Et les auteurs ajoutent que les morts différés sont bien difficiles à capturer par la méthode des Global trigger tools.
Inférence vraiment tirée par les cheveux,… on peut tout faire dire à des données de départ assez locales au demeurant. Intéressant pour illustrer le malaise de la mesure de la sécurité en médecine.