Smith, C. F., Drew, S., Ziebland, S., & Nicholson, B. D. (2020). Understanding the role of GPs’ gut feelings in diagnosing cancer in primary care: a systematic review and meta-analysis of existing evidence. British Journal of General Practice, 70(698), e612-e621.
De plus en plus de preuves scientifiques s’accumulent sur le rôle des intuitions des médecins généralistes dans le diagnostic du cancer et soulèvent des questions sur leur origine et leur rôle dans la pratique clinique.
Le travail proposé est une méta-analyse de la recherche internationale sur ces intuitions diagnostiques des généralistes dans les soins primaires. La recherche porte sur six bases de données consultées de leur création à juillet 2019, et sur tout le matériel disponible sur Internet. Une méthode séparée a été utilisée pour analyser, puis combiner les résultats quantitatifs et qualitatifs.
Douze articles et quatre ressources en ligne ont finalement été inclus, décrivant diverses conceptualisations de ces intuitions. Les intuitions étaient souvent initialement associées à un malaise des patients, plutôt qu'à une suspicion de cancer, et étaient fréquemment ressentis en réponse à des symptômes et à des signaux non verbaux.
Les probabilités combinées d'un diagnostic de cancer étaient quatre fois plus élevées lorsque les sentiments intestinaux étaient enregistrés (OR 4,24, intervalle de confiance à 95 % = 2,26 à 7,94); ils sont devenus plus prédictifs du cancer à mesure que l'expérience clinique et la familiarité avec le patient augmentaient. Bien qu'ils soient inclus dans certaines lignes directrices cliniques, les médecins généralistes ont eu des expériences variées sur la verbalisation de ces intuitions, certains spécialistes remettant en question leur valeur diagnostique. Du coup, beaucoup de médecins généralistes hésitent à donner une suite à ces intuitions, à en parler, à l’inscrire dans le dossier médical, à lancer des explorations, et plus encore à adresser à des confrères spécialistes, et le résultat est plutôt au détriment du patient compte tenu de la valeur réelle statistique de ces intuitions. Sans parler que cette construction des intuitions acquises et améliorées avec l’accumulation de l’expérience échappe totalement à la formation, alors qu’elle pourrait être mieux entraînée chez les jeunes généralistes.
A lire. J’ai beaucoup aimé cet article anachronique, mais sûrement pertinent sur le fond.