Boers, S. N., Jongsma, K. R., Lucivero, F., Aardoom, J., Büchner, F. L., de Vries, M., ... & Pinnock, H. (2019). SERIES: eHealth in primary care. Part 2: Exploring the ethical implications of its application in primary care practice. European Journal of General Practice, 1-7.
Second article d’une série sur la cyber-santé en médecine générale, plus centré sur les questions d’éthiques.
Contexte: la cyber-santé promet d'augmenter l'autogestion et la médecine personnalisée et d'améliorer la rentabilité des soins primaires. Mais cette nouvelle cyber-santé affectera probablement les expériences, les valeurs, les normes et les relations des patients et des professionnels des soins primaires (PSP).
Cet article étudie les implications éthiques probables sur quatre domaines des soins primaires :
(1) l’implication de ces technologies face à l'incertitude prédictive et diagnostique. Les systèmes d'aide à la décision clinique, basés sur l'apprentissage automatique, offrent des résultats (apparemment) objectifs, quantifiés et personnalisés. Mais ils introduisent également de nouveaux foyers d'incertitude et de subjectivité. Le processus décisionnel devient opaque et les algorithmes peuvent être invalides, biaisés, voire discriminatoires. Cela a forcément des implications potentielles sur les responsabilités et jugements professionnels, la justice, l'autonomie et la confiance.
(2) La cyber-santé affecte les rôles et les responsabilités des patients car elle favorise l'autogestion et l'autonomie. Mais l'autonomie peut également être compromise, par ex. dans les cas de technologies persuasives qui imposent leur logique (opaque) au patient ; la cyber-santé peut aussi accroître les disparités existantes en matière de santé.
(3) La délégation de tâches à un réseau de technologies et de parties prenantes nécessite une attention aux lacunes de responsabilité et aux nouvelles responsabilités.
Enfin, (4) La colloque singulier devient une relation triangulée: patient – cyber-santé – médecin et nécessite une reconsidération du rôle de l'interaction humaine ainsi qu’une bien meilleure définition du processus décisionnel partagé.
Cette analyse est une première étape essentielle vers la mise en place d'un programme de recherche éthique dédié à ces nouvelles technologies.
L'éthique au centre de ces nouvelles technologies