L’erreur de diagnostic n’échappe pas au monde de la dentisterie. Bien que l’imagerie radiographique ait fait d’énormes progrès ces dernières années, certains diagnostics différentiels restent difficiles à faire...
Certes, le diagnostic peut être erroné lorsque le praticien a manqué de vigilance. L’habitude, la routine, le manque d’implication de la part du praticien, ou au contraire une pression forte du patient qui oriente le thérapeute sont autant de raisons de poser le mauvais diagnostic. Mais il existe également un biais de notre esprit auquel nous n’échappons pas et qui compromet la rationalité de nos décisions : c’est l’utilisation de schémas de pensée simplifiés, que l’on appelle des heuristiques, lesquels vont fortement conditionner le diagnostic et ensuite le plan de traitement. En médecine par exemple, une forte fièvre associée avec des courbatures et qui se déclare en plein hiver sera immédiatement associée avec la grippe, même s’il y a pléthores de diagnostics différentiels pour ces signes cliniques.
Les heuristiques permettent de prendre une décision à partir d’un ensemble cohérent de paramètres, mais chacun a tendance à créer ses propres heuristiques. L’endodontiste n’aura pas le même regard face à une voussure douloureuse d’apparition récente que le chirurgien oral ou le spécialiste en parodontologie. Immédiatement chacun va mettre en œuvre un processus de raisonnement intimement lié avec sa propre formation et ses habitudes thérapeutiques quotidiennes.
Il peut parfois arriver que des contextes cliniques exceptionnels aux conséquences graves ne cadrent pas avec les heuristiques et échappent à la vigilance des praticiens.
Mais il faut accepter que les médecins, et dans une moindre mesure les dentistes, ne peuvent repasser toute la sémiologie en revue pour chacun des patients. Il faut gérer la pression temporelle et de ce fait utiliser ces schémas de pensées simplifiés.
Le sujet de l’erreur de diagnostic est rarement traité dans le monde de la dentisterie. Il faut aller en Inde pour trouver un papier évoquant ce thème. L’article se focalise sur un autre type d’erreur de diagnostic lié à une connaissance insuffisante du sujet et à un manque de pratique.
Les auteurs de l'ouvrage décrivent 4 erreurs de diagnostic. Quatre enfants sont adressés au service de dentisterie pédiatrique avec des diagnostics soit de cancers qui se révèleront être des kystes dentaires, soit de kystes dentaires qui se révèleront être des tumeurs à cellules rondes ou des ostéomyélites.
La discussion qui suit est évocatrice. Une étude a montré qu’environ 43% des diagnostics de lésions dures ou molles faits par des dentistes sont infirmés par l’histologie. Les auteurs rappellent qu’un grand niveau de connaissance et une grande expérience sont nécessaires pour éviter ce type d’erreurs de diagnostic. Mais ils mettent en garde contre des diagnostics trop rapides et non confirmés par l’histologie, qui peuvent être très difficiles à supporter pour les patients et leur famille.
Source : Sheela Sreedharan, Bhat Sangeetha Govinda, Iyer Satishkumar Krishnan, and Kumar Kavita Krishna. Mis- or Missed Diagnosis: A Series of Four Cases. Case Rep Dent. 2012; 2012: 946327.