L’antibiothérapie est une des armes efficaces qu’utilise le chirurgien-dentiste pour combattre l’infection. Cependant, il faut avouer que sa prescription se fait parfois sans qu’un réel diagnostic ne soit posé...
Un patient se plaint de douleur autour d’une dent, c’est la veille d’un long week-end, les douleurs ne sont pas très bien définies, la radiographie n’apporte pas d’aide. Alors au cas où, pour se couvrir, on donne des antibiotiques et des anti-inflammatoires, avec cette idée sous-jacente : « on verra bien comment ça évolue ».
Depuis quelques années, en dentisterie, il est par ailleurs fréquent d’utiliser des antibiotiques « puissants » tels que l’amoxicilline associé à l’acide clavulanique. Il n’y a pas eu d’évaluation de l’intérêt réel de mettre en œuvre cette association de molécules pour des infections « simples », mais on se dit que « si ça marche, ce doit être mieux pour le patient ».
Sauf que, à force de faire des prescriptions qui ne sont pas toujours nécessaires et, il faut l’avouer, parfois utilisées de manière fantaisiste par les patients, des souches très résistantes sont en train d’apparaître.
Avez-vous déjà entendu parler de la New Dehli metallo-beta-Lactamase (NDM-1) ? C’est un gène qui confèrent aux bactéries une résistance à tous les anti-infectieux connus à ce jour. Cela a commencé à New Dehli, et aujourd’hui des cas sont rapportés dans beaucoup de pays dont l’Australie, le Royaume-Uni, la France, les Etats-Unis, etc. Les quelques patients infectés ne sont pas traitables avec les moyens connus à ce jour. Le pire est que ce gène permet des mutations rapides. En 2012, des infectiologues se retrouvent désarmés comme avant l’avènement de la pénicilline.
Les auteurs de l’article lancent un appel et font plusieurs recommandations :
- utiliser les antibiotiques seulement lorsqu’ils sont réellement nécessaires,
- tout faire pour que les patients respectent les doses et les délais recommandés,
- réserver les antibiotiques « puissants » aux infections résistantes,
- promouvoir des mesures d’hygiène de vie simples, comme le lavage fréquent des mains, qui permettent de diminuer non pas la virulence des bactéries mais leur diffusion.
La pratique dentaire a beaucoup changé ces 10-15 dernières années : antibiotherapie systématique (souvent des associations) quelque soit le diagnostic : pulpite, germectomie de dent saine, radiographie panoramique plusieurs fois par an ( 10 à 20 fois plus irradiant qu'une retroalveolaire).