Cet article regroupe des recommandations à adopter pour réduire les risques de problèmes dentaires causés par l'âge.
Il existe une corrélation directe entre l’alimentation et les problèmes dentaires. La diminution de la fonction protectrice de la salive due à la senescence des glandes salivaires joue un rôle important dans le développement du processus carieux2, c’est pourquoi il est recommandé de boire un litre d’eau par jour afin de stimuler les glandes salivaires4.
Par ailleurs, du fait que la fréquence de consommation d’aliments cariogènes est plus délétère que celle de leur quantité totale pendant le repas (« beaucoup de sucre en une prise est moins nocive pour la santé bucco-dentaire que peu de sucre réparti en plusieurs prises sur toute la journée »), le "grignotage" doit être évité.
Enfin, il faut rappeler que le potentiel cariogénique des aliments est lié à leur teneur en hydrates de carbone (sucres). On retrouve classiquement dans l’alimentation le glucose et le fructose, le saccharose, le maltose, le lactose et l’amidon. Le plus courant est le saccharose ; c’est aussi le plus cariogénique. Le lactose est le moins cariogénique.
Les substituts non caloriques du saccharose sont non cariogéniques. La saccharine, le cyclamate, la thaumatine, l’acésulfam K et l’aspartame sont utilisés comme édulcorants dans les boissons. Les alcools de sucre comme le sorbitol ont un potentiel cariogénique faible et celui du xylitol est nul4.
Le caractère « collant » des aliments sucrés (comme les caramels, les biscuits, les pâtisseries et les chips) est un facteur de risque. En effet, sans brossage, l’hydrate de carbone séjourne plus longtemps dans la cavité buccale. Ainsi, les aliments de consistance fibreuse (tels que les fruits et les légumes) sont peu cariogènes, car ils sont plus rapidement éliminés.
Il faut donc privilégier une alimentation peu collante et pauvre en sucre comme le pain ou les céréales (sans sucre ajouté), surtout si un nettoyage de la cavité buccale n’est pas possible4.
La consommation d’alcool et de tabac est déconseillée pour prévenir les lésions potentiellement malignes11,12-21.
Il concerne aussi bien la cavité buccale que les prothèses amovibles et doit être réalisé de façon séparée, si possible après chaque repas.
Il faut garder en mémoire que les muqueuses sont fragiles et que le nettoyage de la cavité buccale, la dépose ou la mise en place des appareils peut générer des douleurs ou des blessures. Les gestes doivent donc être réalisés en douceur.
Un brossage régulier et en douceur permet d’éliminer la plaque dentaire et les débris alimentaires contenant les bactéries responsables de la mauvaise haleine, des caries et des maladies parodontales et permet ainsi de conserver des dents saines le plus longtemps possible.
Il faut choisir une brosse à dents électrique ou manuelle de qualité, sélectionnée en fonction du degré d’inflammation gingivale, de la sensibilité dentinaire et de la dextérité de l’utilisateur. Le dentifrice doit être adapté aux problèmes rencontrés (antiseptique, anti-inflammatoire si les gencives sensibles ou irritées ; fluoré si le risque est carieux, ou un dentifrice pour dents sensibles si des douleurs sont ressenties).
Le port de prothèses ainsi que la caractéristique des espaces interdentaires2 rendent la denture difficile à nettoyer. En fonction de l’état bucco-dentaire, de la dextérité de l’utilisateur, de la motivation et de la coopération du patient, du matériel spécifique peut être utilisé4 :
Lorsque le brossage n’est pas possible, et si l’état dentaire et des restauration prothétiques existantes le permettent, l’utilisation de gommes à mâcher sans sucres peut être utile4. A défaut, une partie des débris alimentaires qui se sont accumulés au cours du repas peut être éliminée en buvant avec un verre d’eau1,4.
Lorsque le sujet perd son autonomie, l’entourage ou le personnel soignant effectue le nettoyage de la cavité buccale en fonction du contexte général : la fatigabilité, la survenue de douleur, des nausées, les difficultés de mobilisation, la spaticité…6,7
Deux cas de figures sont décrits :
- Il est installé en position assise, bouche entrouverte.
- Le soignant (droitier) est à côté du patient (à sa droite), son bras (gauche) cale la tête du patient et sa main (gauche) soutient la mandibule du patient.
- Le brossage est réalisé avec la brosse sur laquelle a été préalablement déposé le dentifrice.
- À la fin du brossage la bouche est rincée à l'eau, et les lèvres séchées.
- L'utilisation d'un bain de bouche au bicarbonate (1,4%) permet de diminuer l’acidité buccale et prévenir l'apparition de mycose.
- Le patient est allongé, installé en position latérale de 3/4, tête penchée du côté du soignant, bouche fermée.
- Le soignant (droitier) est à côté du patient (à sa droite), son bras (gauche) cale la tête du patient et sa main gauche soutient la mandibule du patient.
- Le brossage est réalisé en glissant la brosse à dents imbibée d'eau ou de bicarbonate dans une bouche entrouverte (sans demander une grande ouverture de la bouche du patient).
- À la fin du brossage de passage une compresse imbibée d’eau ou de bicarbonate sur la face externe des dents permet de récupérer, d'éliminer des résidus de brossage. Les lèvres doivent être séchées.
L’environnement sous-prothétique est propice à l’apparition d’une candidose. Les symptômes associés (perte de goût, sécheresse buccale, sensation de type brûlure…) peuvent nuire au port des prothèses, et ainsi compliquer la mastication. Des antifongiques (topiques et/ou systémiques) sont couramment prescrits pour traiter la candidose sous-prothétique, mais la prévalence des micro-organismes résistants à ces agents augmente, rendant les options thérapeutiques inefficaces, d’où l’importance des mesures préventives8.
S’il n’existe pas de consensus sur l’efficacité réelle et prouvée d’une technique d’hygiène des prothèses dentaires amovibles par rapport à une autre, l’ensemble des auteurs s’accordent pour préconiser le brossage des prothèses amovibles comme geste principal. L'utilisation de comprimés effervescents apporte du confort mais ne saurait remplacer le geste7,9,10.
Le brossage des prothèses doit être réalisé avec une brosse à dents à poils durs et du savon liquide au pH neutre et sans parfum durs et suivi d’un rinçage soigneux à l’eau pour éliminer le détergent et les résidus. Pour éviter la fracture de la prothèse en cas de chute, ces gestes doivent être effectués au-dessus d’un lavabo rempli d’eau ou garni d’un tissu éponge.
De nombreux produits existent sur le marché pour compléter l’action mécanique du brossage par une action chimique :
En cas d’utilisation d’adhésif, l’application d’une compresse imbibée d’un corps gras (de type vaseline, huile) facilite l’élimination de la colle. Le brossage est déconseillé pour ne pas encrasser la brosse.
Pour éviter les blessures l’adaptation des prothèses est indispensable. La réfection des bases, la suppression des bords traumatisants, l’ajustage des crochets, le polissage soigneux des surfaces sont nécessaires.
Le recours à des crèmes adhésives prothétiques participe à la stabilisation prothétique et donc à la prévention des irritations traumatiques des muqueuses. En revanche, l’utilisation d’adhésifs constitue également un facteur étiologique d’apparition d’une candidose sous-prothétique8.
Si des dépôts de tartre sont retrouvés sur la prothèse le praticien peut les enlever à l’aide d’ultrasons suivis d’un polissage soigneux. L’utilisation de vinaigre d’alcool blanc facilite le nettoyage du tartre9.
Après un brossage rigoureux de la prothèse amovible, le sujet peut la garder la nuit. Sinon, elle doit être conservée dans une boîte réservée à cet effet, au sec mais avec une compresse imbibée d’eau et d’antiseptique. La boite doit être nettoyée et la compresse renouvelée régulièrement9.
Des apports adéquat en fluorures permettent5 :
Le fluor peut être retrouvé dans5:
Les agents de reminéralisation sont les bains de bouche fluorés après le brossage des dents, les vernis appliqués tous les 3 mois ou la combinaison de produits : le gel à la maison associé à des applications au cabinet dentaire tous les 4 mois est la méthode la plus efficace.1,11
Les colorations extrinsèques sont des colorations acquises générées par des agents externes tels que le café, le thé, le tabac, les médicaments. Le contrôle de ces éléments limite l’apparition des dyschromies.
Ainsi, les principales colorations extrinsèques sont dues22 :
1. Folliguet M. Prévention bucco-dentaire chez les personnes âgées: Direction Générale de la Santé; 2006.
2. Deharvengt H. Vieillissement de la cavité buccale et pathologies bucco-dentaires. 2018; https://www.prevention-medicale.org/Actualites-et-revues-de-presse/Toutes-les-actualites/Chirurgien-dentiste/vieillissement-pathologies-bucco-dentaires
3. Camoin A, Tardieu C, Le Coz P. Problèmes éthiques soulevés par les soins dentaires chez la personne en situation de handicap. Éthique & Santé. 2016/06/01/ 2016;13(2):91-98.
4. Bonnot J, Pillon F. Revue des prescriptions odontologiques à l’officine. Actualités Pharmaceutiques. 2013/05/01/ 2013;52(526):45-48.
5. Bonnot J, Pillon F. Une bonne hygiène bucco-dentaire pour prévenir les caries. Actualités Pharmaceutiques. 2013/03/01/ 2013;52(524):39-44.
6. Lacoste-Ferre M-H, Rolland Y, Vellas B. Les soins d'hygiène bucco-dentaire et prothétique en EHPAD : du protocole à l'évaluation. 2013.
7. Lacoste-Ferre M-H, Saffon N, Cousty S, Berthaud J, Cestac P, Perrier C. Les soins de bouche : de l’hygiène de base aux soins spécifiques. Médecine Palliative : Soins de Support - Accompagnement - Éthique. 2011/04/01/ 2011;10(2):82-88.
8. Dartevelle P. Nettoyage et adhésion des prothèses amovibles : des moyens de prévention contre la candidose sous-prothétique. clinic. 2018.
9. Boittin A, Postaire M. Hygiène des prothèses amovibles. Rappels et fiche patient. CLINIC. 2012.
10. Pillon F. L’entretien des prothèses dentaires. Actualités Pharmaceutiques. 2010/04/01/ 2010;49(495):29.
11. Decup F, Muller-Bolla M, Chouvin M, et al. Dentifrices et vernis fluorés : bilan des connaissances pour une bonne pratique clinique. CLINIC. 2018;39:329-336.
12. Séguier S, Nebot D, Folliguet M, Postaire M, Radoï L, Veille-Finet A. Prise en charge buccodentaire de la personne âgée. EMC. 2016.
13. Agbo-Godeau S. chirurgien-dentiste : quel rôle dans la détection des cancers de la cabité buccale; 2018.
14. QUÉNEL L, HUGUET G, SEIGNEUR M, LEMOINE S, LESCLOUS P, KIMAKHE S. Une lésion blanche à ne pas manquer. CLINIC. 2018.
15. Ben Slama L. Carcinomes des lèvres. Revue de stomatologie et de chirurgie maxillo-faciale. 2009 2009;110(5):278-283.
16. Radoï L. Epidémiologie des cancers de la cavité buccale. Information Dentaire. 2016.
17. Campana F. Les lésions potentiellement malignes de la muqueuse buccale. Information Dentaire. 2016.
18. Dakpé S, Neiva C, Testelin S, Ganry O, Devauchelle B, Lapôtre-Ledoux B. Faisabilité d’une stratégie de dépistage des lésions malignes de la cavité buccale chez les fumeurs. Revue de Stomatologie, de Chirurgie Maxillo-faciale et de Chirurgie Orale. 2015/04/01/ 2015;116(2):65-71.
19. Baujat B, Périé S, Bardet É, Lacau St Guily J. Cancers de la cavité orale. Mise au point Sous l’égide de l’Intergroupe ORL. Bulletin du Cancer. 2014;101(5):424-428.
20. Brion M, Marel A, Lagrue G. Maladies parodontales Plus sévères chez les fumeurs. Le Concours Médical. 2007.
21. Pesci-Bardon C, Prêcheur I. Conduites addictives : tabac, alcool, psychotropes et drogues illicites.
Impacts sur la santé buccodentaire. EMC. 2011.
22. Le Reste M. Les pathologies bucco-dentaires. Actualités Pharmaceutiques. 2010/04/01/ 2010;49(495):15-19.
A lire aussi: Organisation des soins bucco-dentaires chez la personne âgée
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L'article est très intéressant bien que j'ai pas trouvé ce que je cherchais.