Notre collègue Suisse, Anthony Staines, directeur d’hôpital, docteur en sciences de la gestion de l’IFROS (Lyon), chargé du programme de sécurité du patient des hôpitaux Vaudois, a présenté dans le cadre du certificat de spécialisation conduit conjointement par la Prévention Médicale et le CNAM son travail sur l’amélioration de la valeur dans les services de santé.
L'ouvrage a été publié en 2011, en partenariat avec John Ovretveit chez Springer.
La réponse est simple : quelques rares exemples mis à part, l’amélioration de la Qualité n’a pas tenu ses promesses dans le domaine de la santé. Les résultats sont mal compris, décevants et se heurtent trop souvent à d’autres réalités concurrentes, budgétaires ou tout simplement prioritaires dans la délivrance du soin. L’hôpital doit en effet résoudre en permanence un système de forces contradictoires entre amélioration de la Qualité des soins, augmentation du Volume de soins et diminution des coûts. Certains hôpitaux arrivent mieux que d’autres à maîtriser cette équation impossible. La solution semble clairement organisationnelle.
L’amélioration de la valeur répond à cette demande. C’est la recherche active du meilleur compromis entre ces trois systèmes de tensions. La Qualité peut et doit s’améliorer mais ne peut le faire concrètement qu’en acceptant de ne pas dégrader les autres dimensions, ou mieux encore, en améliorant aussi les autres dimensions.
A noter que cette approche n’est pas contradictoire avec le fait que certaines améliorations de la Qualité, qui n’apportent pas d’économie, peuvent être importantes et protégées ; mais elles sont relativement rares en comparaison des solutions de Qualité qui demandent des arbitrages.
La sécurité des patients liée aux erreurs et multiples défauts d’organisation, qui éloignent les professionnels des meilleures pratiques (faillites diverses dans les prises en charge et les coordinations interprofessionnels), apparaît comme un domaine typique pour lequel l’amélioration de la valeur a un grand impact, à la fois sur le volume de soin (le soin mal fait prolonge l’hospitalisation et surcharge le système de santé), le coût et, bien sûr, in fine, la Qualité et la Sécurité.
Deux exemples de méthodes disponibles pour calculer ce compromis :
1. Le modèle d’analyse de rentabilité « coût-dépense-économie » :
Exemple : intervention visant à réduire les escarres dans un hôpital de 600 lits :
2. La méthode du « coût d’obtention de la Qualité » consiste à limiter le déploiement de la Qualité aux seuls domaines dans lesquels elle a une chance réelle d’avoir des gains. Elle repose sur un estimé de la somme des différents coûts réels potentiellement induits par la démarche de la Qualité :
1. Le canton de Jonkoping en Suède est un exemple connu dans le monde entier pour la Qualité des soins dispensés à ces patients : adhésion complète de la population et des professionnels, réduction spectaculaire du nombre d’EIG, efficacité, proximité et soutien pour tous :
2. Le système des hôpitaux d’Intermountain dans l’UTAH aux USA (non profit organization) offre un autre exemple mondialement connu de réussite dans l’analyse de la valeur :
Le travail est basé sur une analyse étendue de la littérature sur les résultats objectifs obtenus par les démarches de qualité et sécurité des soins et sur une étude clinique de deux exemples internationaux ayant démontré une performance originale et exceptionnelle de leurs hôpitaux : le canton de Jonkoping en Suède et le réseau des hôpitaux d’Intermountain dans l’UTAH (USA).