Mentir n’est pas une solution... Voici comment une clinique, un chirurgien stomatologiste et un anesthésiste ont été assignés en justice par les parents d'un patient infirme moteur-cérébral.
Assignation de la clinique, du chirurgien stomatologiste et de l’anesthésiste par les parents du patient en réparation du préjudice qu’il avait subi.
Expertise
L’expert, professeur des universités, chef de service de chirurgie orthopédique, affirmait qu’il existait une responsabilité de la clinique et du chirurgien stomatologiste dans la survenue de la chute correspondant à une surveillance insuffisante du patient au moment de son installation dans le bloc opératoire ainsi qu’un défaut de transparence dans les relations avec la mère du patient. II estimait que « la chute participait à la dégradation de l’état du patient et l’avait amputé d’un certain nombre de possibilités de mobilisation comme la position debout, certes aidée, mais qui permettait de maintenir un métabolisme osseux des membres inférieurs à peu près correct ».
Pour le tribunal, « (…) Dans la mesure où le patient n’était pas attaché et qu’aucune prémédication ne lui avait été administrée, une surveillance plus étroite et attentive aurait dû être exercée. Si le chirurgien et l’anesthésiste se prévalaient de l’obligation incombant au personnel infirmier d’assurer la sécurité du patient, ils n’étaient pas pour autant déchargés de toute obligation de surveillance. En effet, tous deux l’avaient préalablement reçu en consultation. Ils avaient donc une connaissance précise de son manque d’autonomie. En permettant qu’il fût installé sur la table d’intervention sans éléments de protection alors même qu’il ne pouvait s’allonger classiquement sur le dos, ils auraient dû anticiper le risque de chute et prendre toutes dispositions pour faire assurer une surveillance plus étroite. Le règlement intérieur de la clinique et le document détaillant le processus du circuit du patient jusqu’au bloc opératoire n’exonéraient en rien les médecins de leur responsabilité. Il leur incombait de fournir au personnel soignant tous les renseignements nécessaires concernant le patient afin de l’installer correctement sur la table d’intervention et d’assurer une surveillance adaptée à son état (…) ».
Par ailleurs, sur l’erreur de diagnostic commise par les deux médecins, les magistrats estimaient qu’ « (…) Il leur appartenait, eu égard au handicap du patient, qui au surplus était incapable de s’exprimer, et à la chute subie, de faire réaliser des examens plus approfondis. Ils intervenaient en établissement de soins ce qui leur permettait d’envoyer facilement leur patient en radiologie. Cette insuffisance d’investigations caractérisait une faute directement imputable aux médecins. Il ne pouvait être valablement prétendu à une absence de préjudice réparable, du fait d’une intervention sur la fracture le lendemain. En effet, il n’était pas contesté que la cuisse du patient avait anormalement enflé dans la nuit. Par ailleurs, le patient avait été manipulé à plusieurs reprises (intervention dentaire, retour en chambre puis retour à son domicile) entraînant l’apparition de douleurs.
Enfin, il n’était pas contesté qu’afin de ne pas inquiéter la mère du patient, celle-ci n’avait pas été informée de la chute de son fils. Cette absence d’information n’avait pas permis au patient ou du moins à sa mère de demander qu’il soit sursis à l’opération et que des radiographies soient réalisées. Elle était, donc, fautive et engageait la responsabilité de la clinique, du chirurgien et de l’anesthésiste (…) ».
Au total, eu égard au rôle de chaque intervenant à l’acte de soins, les magistrats retenaient une part de responsabilité de 50% pour la clinique et de 25% pour chacun des deux praticiens
Indemnisation de 129 936€ dont 7 680€ pour les organismes sociaux.
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