Un patient apparemment « âgé », retraité se présente à la consultation de son médecin généraliste pour une consultation annuelle. Cet homme est suivi pour des pathologies banales liées à l'âge et consulte également des spécialistes dont un urologue pour un adénome prostatique.
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JUGEMENT du Tribunal de Proximité (2015)
La procédure concerne les deux médecins généralistes.
Le patient sollicite en réparation de son préjudice la somme de 800€ en faisant état notamment :
Dans un long courrier manuscrit destiné au Tribunal, il reproche au médecin de ne pas faire « son boulot de coordination ».
Quand il est parti à la retraite, le médecin du travail lui aurait conseillé de consulter régulièrement un cardiologue, un urologue et un gastroentérologue. « Or tous prescrivent des examens…pourquoi ne pas les regrouper ? Parce que cela ne rapporte rien aux MG ». … « Ils ont l’impression d’agir « sous la dictée » = ils refusent d’être « à notre service ».
« Quand on entre dans une boulangerie, on demande une baguette, on est servi et on paye. Normal non ? Quand on entre chez un médecin et qu’on demande telle prescription, on est foutu dehors. On n’a pas le droit, parait-il (Conseil de L’ordre, toujours) ! Incroyable ! »
Suivent un certain nombre de commentaires dans un langage « fleuri » -avec des citations aussi bien d’Hippocrate que de Knock ou de Bob Marley !- et des interprétations farfelues de textes officiels.
Parmi les pages suivantes « plus une seule minute d’intérêt, de respect, de considération de l’individu…nos facultés fabriquent des robots… ».
Cette « logorrhée confuse » s’exprime sur 14 pages…
Le Tribunal de proximité constate que le requérant n'apporte la preuve d'aucune de ses allégations et que les médecins ont parfaitement respecté l'ensemble de leurs obligations.
Concernant le premier médecin, il souligne que le patient a tout fait pour se mettre en situation de refus par rapport à ce médecin. Le médecin a parfaitement appliqué les règles émanant du Code de Déontologie, dont la victime fait une interprétation particulièrement obscure et hors de propos.
Le médecin, pour se désengager vis-à-vis de son patient, doit suivant les termes de L’Ordre des Médecins :
Le patient démontre, par son interprétation erronée du Code de Déontologie, une particulière mauvaise foi, n’ayant par ailleurs effectué aucune démarche pour trouver un autre généraliste. Or dans la ville proche, le site officiel de la SS recense 46 MG et à l’endroit où réside le requérant, 13 généralistes sont recensés sans avoir besoin d’aller à Paris….
Le tribunal balaye le manquement du médecin à ses obligations déontologiques en matière de parcours coordonné des soins, l’absence de secret professionnel… qualifiant l’interprétation « saugrenue » des textes officiels d’un « tissu d’absurdités et de mauvaise foi évidente d’une personne chicanière et mauvaise procédurière ».
Malgré une plainte rejetée par l’Ordre, Monsieur X a perduré dans son attitude négative en prenant un rendez-vous sous un faux nom. Il a également procédé de façon insidieuse à faire pression sur le médecin, en lui adressant des courriers insultants et moqueurs et en procédant à des menaces en affichant un avis de décès sur la plaque du médecin. Cette pratique a fait l’objet d’une main courante.
Le même genre de pratiques est constaté auprès du médecin associé et remplaçant.
« Le médecin est libre d'accepter ou de refuser de signer la Convention de médecin traitant instauré par la convention du 26 juillet 2011 (article 47 du Code de déontologie médicale) ».
En conséquence, le Tribunal de proximité déboute le patient de l'ensemble de ses demandes au motif de » manque total de faute, incohérences et allégations non prouvées à l’encontre des deux médecins » et le condamne à payer des dommages et intérêts aux deux médecins ainsi que les frais irrépétibles et les dépens. (1500€ au premier médecin, 1€ comme réclamé au deuxième et 1800€ de frais).
Ce dossier n’est connu que par l’intermédiaire des courriers échangés avec juristes et avocats à l’occasion des plaintes devant les différentes juridictions.
Il est rare qu’un désaccord entre le médecin et son patient conduise à une procédure mais s’il est vrai que les patients sont assez bien informés de certains de leurs droits, ils ignorent généralement ceux du médecin !
La réponse du Conseil de l’Ordre et le jugement en font une synthèse partielle mais exemplaire.
Ce cas est assez caricatural et témoigne vraisemblablement d’un trouble de la personnalité chez une personne âgée : néanmoins, ce type de difficulté relationnelle n’est pas un cas isolé en pratique quotidienne.
Des difficultés relationnelles de ce type peuvent, de surcroit, faire l’objet d’une plainte, même s’il n’y a pas de rupture du contrat de soins, en cas de suspicion de soins non adaptés, d’un diagnostic erroné….
Les extraits d’articles ci-joint donnent un aperçu des réponses à certaines des questions que vous pourriez vous poser.
1998 - Cinq ans de patient en médecine générale O’Dowd T. Five years of heartsink patients in general practice BMJ. Aug 20, 1988; 297(6647): 528–530.
2009- Brami J. Amalberti R., la sécurité du patient en médecine générale, Springer (Lavoisier)
2010 - Patients difficiles Borton, C. Knott L., Difficult patients, @EMIS 2010
2011 - Histoire autour du concept de patient difficile Moscrop A. ‘Heartsink’ patients in general practice: a defining paper, its impact, and psychodynamic potential Br J Gen Pract. May 2011; 61(586): 346–348.
Le vrai problème de ce patient est le Lariam : j invite ces médecins à lire les effets secondaires de ce médicament et ils comprendront son comportement !
Je pense que la réponse de notre praticien n'a pas été adaptée, l'attitude de ce patient fait parti de sa maladie psy que la plupart des praticien ne savent pas gérer
J'ai eu à soigner une patiente pour des fils imaginaires qui nécessitaient un détartrage presque quotidien!!! Je n'ai jamais refusé un Rv,je pratiquait un grattage des dents pour la rassurer bien sûr en essayant de lui parler et je ne facturai qu'une consultation sur 5!! Jusqu'à la veille de son décès elle ne parler que de mort et de suicide ,mais mon intervention lui faisait du bien
Pour moi votre cas est un échec de prise en charge et un échec thérapeutique
Le resultat est la, le patient n'est pas soigné pour ce mal être déguisé en violence
Il y a quand même une morale dans cette histoire, car le syndrome confusionnel a bon dos quant on porte plainte plusieurs semaines après les faits.
Il y a probablement de la psychiatrie sous jacente, mais nous devons nous protéger contre de tels individus, classée "difficiles", qui avance masqués et cachent bien leur psychose.Excellentes fêtes à tous
En théorie, il aurait fallu commencer par arrêter le LARIAM, grand pourvoyeur de tableaux confusionnels ou psychiatrique.. Puis j'aurais fait comme Alain L.. puis, je l'aurais confié à un gérontologue psychiatre. Mais peut être aussi l'aurais-je mis dehors mon cabinet avec un arrière train douloureux... De la difficulté de différencier les esprits border-line des véritables urgences psychiatriques... !
Comme souligné dans l'exposé , cette personne présente des troubles du comportement qui auraient nécessité :
-un avis psychiatrique voir un placement volontaire
- mais il aurait fallu auparavant s'assurer de l'absence de troubles organiques pouvant être à l'origine de ces troubles du comportement (accès d'hyponatrémie dans le cas d'un syndrome de sécrétion inappropriée d'HAD (Schwartz-Barter) >>>Situation vécue...avec un confrère décédé rapidement après d'un cancer du poumon passé inaperçu...
- S"il n' y avait rien de tout cela , cela relevait effectivement d'une action juridico -ordinale comme cela a été exposé