L'adaptation particulièrement bonne d'un enfant à la naissance a fait oublier à l'ensemble de l'équipe sa prématurité et les risques qu'elle peut impliquer. Le cas clinique suivant décrit le malaise grave d’un nouveau-né à H3 en salle de réveil suite à une césarienne.
Le malaise grave du nouveau-né à terme n’est pas un mythe. Le malaise du nouveau-né en salle d’accouchement est rare mais le nombre en est difficile à estimer puisque celui-ci n’est pas recensé systématiquement en France. Cependant, les conséquences d’un malaise grave peuvent être dramatiques (décès, encéphalopathie avec séquelles motrices, cognitives et sensorielles, épilepsie).
De nombreuses maternités ont développé des processus de surveillance du nouveau-né sain à terme afin de proposer un cadre sécuritaire aux jeunes parents dès la naissance, notamment lors du "peau à peau".
Ces mesures de précautions sont élaborées dans le cadre de la prise en soin des nouveau-nés à terme. Les centres de niveau 3 concentrent des pathologies en lien avec leur offre de soin. Les professionnels sont entraînés aux situations plus complexes et connaissent les risques notamment liés à la prématurité.
Qu’en est-t-il lorsque la banalisation de la pathologie devient la norme ?
Mme X, patiente de 37 ans, G4, P3 est suivie pour une grossesse tardive et non désirée.
On note dans ses antécédents :
La première échographie est réalisée à 22 SA. Au regard des ATCD d’hypotrophie néonatale, une échographie intermédiaire est réalisée à 26 SA et montre un placenta recouvrant.
Une échographie est réalisée par un opérateur référent pour confirmer la localisation placentaire et rechercher des signes de placenta accreta.
Au regard de la localisation placentaire, une césarienne avec hystérotomie segmentaire verticale est indiquée. Les risques, notamment hémorragiques, sont expliqués au couple.
Du 30/01/2019 au 04/02/2019, la patiente est hospitalisée pour métrorragies modérées à 29 SA + 4j.
Du 11/02/2018 au 10/03/2019, une 2e hospitalisation a lieu à 31,5 SA.
Lors de cette hospitalisation, une cure de corticoïdes est réalisée, le couple rencontre le pédiatre ; un soutien psychologique est organisé. Plusieurs épisodes de métrorragies durant l’hospitalisation justifient une poursuite de la surveillance. A noter que le taux d’Hb est de 11.4g/dL.
Une césarienne est programmée à 37 SA.
Le 10/03/2019 (dimanche) :
Les 11 et 12/03/2019 : pas d’amélioration respiratoire. Intubation 12/03. L’évolution en néonatologie est lentement favorable : échec du surfactant et majoration des besoins en 02 (70 %). La radio pulmonaire reste normale.
Le 15/03/2019 à 11h, la sédation est arrêtée. Extubation à 00h00.
Au final, hypotonie axiale, éveil progressif, absence d’autonomie alimentaire. Impression de "convalescence" : évolution considérée comme normale au regard du terme de naissance.
En conclusion
- Malaise grave du nouveau-né au terme de 35 SA+1j en salle de réveil à H3.
- Arrêt cardio-respiratoire nécessitant des gestes de réanimation par l’équipe de salle de naissance.
ConclusionC’est une chose étrange à quel point la sécurité de la conscience donne la sécurité du reste L’adaptation de cet enfant prématuré à la naissance a été particulièrement bonne. Son poids, son comportement, sa glycémie, ont fait oublier à l’ensemble de l’équipe sa prématurité et les risques que cela peut impliquer. La routine, la banalisation des pathologies au regard du volume d’activité peut amener à faire des erreurs : chaque soignant doit donc rester vigilant, en éveil. |