La communication d'informations est primordiale entre professionnels de santé, afin d’éviter toutes erreurs ou incompréhensions pouvant parfois mener à de graves conséquences.
Dans ce retour d'expérience, un surdosage de Rétrovir® chez un bébé de mère HIV+ a été constaté, suite à un échange d'informations non sécurisé entre une sage-femme et une aide-soignante.
Le 22/04 à 20 h 30, la sage-femme de nuit prend ses fonctions sur les 3e et 4e étages de suites de couches.
Elle effectue un temps de transmission avec la sage-femme des suites de couches de nuit postée au 2e étage.
Sur la feuille de transmissions, il est précisé qu'une nouvelle accouchée HIV positive est installée et qu’un traitement de Rétrovir® pour le bébé est à débuter entre 23 h 00 et 3 h du matin. Le traitement doit être effectué selon le protocole écrit soit 2 mg/kg x 4/jour. La prescription est présente dans le dossier médical mais non datée et non signée par le pédiatre.
A 20 h 45, la sage-femme débute son "tour" (visite des patientes) au 3e étage.
A 21 h 40, elle rejoint le 4e étage et termine le tour avec l'aide-soignante de nuit.
A 23 h 00, la sage-femme note sur la feuille de prescription du bébé le poids de l'enfant et la dose de Rétrovir® à administrer en milligrammes.
Elle est appelée au 3e étage pour faire un dextro à un autre bébé ; la sage-femme convient oralement avec l'aide-soignante du 4e qu'elle devra administrer le médicament à l'enfant dès son réveil mais ne reprécise pas la dose. Un flacon de Rétrovir® 100 mg/10 ml est posé sur un chariot d'auxiliaire dans la nursery.
Le 23/04 à 1 h 00, de retour au 4e étage, l'aide-soignante signale à la sage-femme que l'enfant a pris difficilement le Rétrovir®, des régurgitations importantes laissant supposer que seulement 1/3 du produit a dû être avalé. La sage-femme ne questionne pas l'aide-soignante sur les modalités de préparation et d'administration du médicament, ni la quantité.
A 5 h 30, la 2e dose (6 heure après la 1re) est donnée à nouveau par l'aide-soignante sans intervention de la sage-femme (accord tacite).
Les transmissions écrites pour l'équipe de jour par la sage-femme concernant l'enfant précisent "Rétrovir® 5 ml x 4/jour".
A 11 h 00, le pédiatre modifie la prescription en passant à 2 prises par jour au lieu de 4, la prochaine administration est donc prévue à 20 h soit 10 mg ou 1 ml.
Au moment de la transmission de 13 h 45, la puéricultrice informe l'équipe que la prescription est de 1 ml x 2/jour et non de 0,5 ml x 4/jour comme initialement prévu selon protocole. Or, il est écrit sur la feuille de transmissions : 5 ml x 4/jour.
Le pédiatre, appelé pour avis, après avoir vérifié auprès de l'aide-soignante de nuit (par téléphone) ce qu'elle avait effectivement donné à l'enfant ; l'enfant a reçu 10 fois la dose prescrite à 23 h et 5 h 30.
Appel du cadre sage-femme.
Le pédiatre appelle le centre anti-poison et la pharmacovigilance pour avis sur les conséquences du surdosage chez l'enfant :
L’erreur discutée en Revue de Mortalité et de Morbidité (RMM) donne lieu à une décision consensuelle d’actions correctives :