Un samedi vers 18h30. Mr F., 50 ans, se présente aux urgences pour une douleur abdominale intense. Dès son arrivée, le patient est pris en charge par l’Infirmier Organisateur de l’Accueil (IOA), puis est très vite installé en box de consultation car il cote sa douleur à 9/10.
- Paracétamol* : 1 g toutes les 6 heures, en perfusion de 100 ml, sur 20 minutes
- Kétoproféne* : 100 mg toutes les 8 heures, en perfusion de 100 ml, sur 30 minutes
- Phloroglucinol / triméthylphloroglucinol* : 2 ampoules de 4 ml, en perfusion de 50 ml, sur 10 minutes
- Midazolam* 2 mg dose unique, en perfusion de 50 ml sur 10 minutes
- Si cotation douleur supérieure à 6 après administration des antalgiques de palier I :
o Titration morphine : bolus de 3 mg, dose maximale de 12 mg
Le Directeur Général, afin d’avoir des éléments pour répondre à la demande du patient, demande au Gestionnaire de Risques de procéder à une analyse de cet incident. Il souhaite comprendre comment cela a pu se produire : facteurs organisationnels, facteurs humains liés au contexte du moment…
La méthode ALARM, recommandée par la Haute Autorité de Santé, est retenue.
Surdosage en midazolam* provoquant une dépression respiration menaçant le pronostic vital du patient.
o C’est le moniteur multiparamètre qui a détecté la dépression respiratoire et qui a permis la mise en œuvre des mesures conservatoires pour le patient -> barrière d’atténuation efficiente puisque le patient n’a présenté aucune séquelle.
o Pas de prise de conscience que le midazolam* est un médicament à risques.
o Pas de dilutions standardisées pour les médicaments à risques.
o Pas de vérification croisée sur la préparation du principe actif pour les médicaments à risques.
o Pas de préparation extemporanée avec pose de la perfusion préparée par l’IDE.
o Pas de surveillance spécifique mise en œuvre lors de l’administration du traitement.
o Pas de prise en compte des rythmes de travail jour/nuit pouvant influencer le niveau de vigilance des professionnels sollicités.
Sur la nécessité de sensibiliser les professionnels de santé sur les médicaments à risques :
Sur la nécessité de rédiger des protocoles de service pour uniformiser les pratiques :
Sur la nécessité de prendre en compte la fatigabilité des professionnels avec les rythmes jour/nuit :
Cette analyse d’événement indésirable retient comme cause racine une erreur humaine très certainement en lien avec un état de fatigue important, ne permettant plus à la professionnelle d’être suffisamment vigilante lors d’une préparation de médicament.
Rappeler l’adage que tout médicament administré doit être préparé par la même personne. Ce rappel effectué, il faut ajouter que la responsabilité de la professionnelle qui accepte d’administrer une préparation médicamenteuse qu’elle n’a pas préparée sera fatalement engagée.