Mr R., 78 ans, est hospitalisé dans un service de chirurgie viscérale et a été opéré d’une colectomie gauche par coeliochirurgie.
Cet Evénement Indésirable n’a eu aucune conséquence pour le patient. Mais devant cet Evénement Porteur de Risques, il est décidé de comprendre pourquoi on est arrivé à cette absence de reconditionnement du chariot. Le Gestionnaire de Risques commence ses investigations en recherchant la situation qui a nécessité l’utilisation du chariot d’urgences et recherche les éléments qui ont permis que son reconditionnement n’ait pu avoir lieu comme le prévoit la procédure.
Un peu plus de 24 heures avant la situation décrite précédemment, l’équipe paramédicale de nuit a dû gérer un patient qui a présenté une douleur thoracique dans les suites d’une résection d’adénome de prostate. Ce patient a nécessité une prise en charge initiale en service de chirurgie, dans sa chambre, avant un transfert en Unité de Surveillance Continue. C’est lors de cette mise en œuvre de mesures conservatoires, sous la direction du médecin anesthésiste de garde, que le chariot d’urgences a été déplombé et utilisé.
La déclaration de cet Evénement Indésirable (EI) à la Cellule d’Analyse et de Maîtrise des Risques de l’établissement a généré une analyse systémique de cette situation.
La méthode ALARM, recommandée par la Haute Autorité de Santé, est retenue.
Absence de reconditionnement du chariot d’urgences après son utilisation dans le cadre d’une mise en œuvre de soins intensifs en secteur d’hospitalisation conventionnelle.
o La prise en charge d’une complication post-opératoire et le réflexe de l’infirmière qui a constaté et qui a échangé avec ses collègues sur le sujet -> Situation à Risques détectée.
Equipe qui a utilisé le chariot d’urgences et qui ne l’a pas reconditionnée.
Reconditionnement du chariot d’urgences n’a pas été priorisé par l’équipe de jour dans la continuité des transmissions.
Pas de transmissions écrites sur ce point : tableaux ou cahier de transmissions du service qui auraient pu faire le lien entre équipe et contre équipe, de jour comme de nuit.
L’analyse de cette situation a conduit les professionnels à réfléchir sur les points suivants :
- mettre en place un outil de transmissions au sein du service pour permettre une meilleure communication entre équipes,
- faire une sensibilisation sur l’impérative nécessité d’avoir un chariot d’urgences toujours opérationnel,
- instituer le principe qu’une équipe ayant utilisé le chariot d’urgence ne peut quitter son poste sans avoir reconditionné ce dernier,
- instituer le contrôle à chaque prise de poste de la présence du plomb signifiant l’opérationnalité du chariot d’urgences, par un professionnel identifié dans chaque équipe, et avec une traçabilité ad’hoc
- faire un bilan institutionnel de la maintenance des chariots d’urgences (service Qualité-Gestion des Risques) et construire des indicateurs sur cette thématique qui seront diffusés au sein des différents secteurs de la structure de soins.
Cet Evénement Porteur de Risques n’a eu aucune conséquence. Mais chacun était d’accord pour affirmer que cette situation ne devait pas se reproduire.
L’analyse de cet EPR montre que la moindre dérogation aux éléments organisationnels structurant une démarche Sécurité des Soins peut rapidement être à l’origine d’un dysfonctionnement qui peut avoir de lourdes conséquences.
Et assez souvent, ce sont les charges de travail très importantes et non prévisibles qui sont à l’origine des modes dégradés. Il convient de faire chaque fois que possible une étude d’impacts potentiels sur l’organisation des soins d’un service avant de prendre une quelconque décision. Et surtout, évaluer si on est en capacité de réaliser une tâche lorsque l’on accepte de prendre le relais d’un travail qui aurait dû être réalisé par un collègue.
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Bonjour,
Les pistes de réflexion sur le chariot d'urgence me paraissent importantes.
Mais ne serait-il pas intéressant de réfléchir sur le déroulement de la surveillance clinique du patient dans le service.
En effet, une chose m'interpelle.
Il semble que seuls les paramètres vitaux sont consignés dans le dossier de soin alors que l'examen physique abdominal semble avoir été déterminant dans l'accélération de la prise en soin.
L'infirmier, a-t-il réalisé un examen abdominal en retour de BO ? Cet examen a-t-il été répété lors de la surveillance, pour objectiver ou non un changement ?
À 17h avec l'augmentation de la douleur, cet examen abdominal était-il modifié ?
Y avait-il déjà une défense abdominale qui aurait pu alerter plus efficacement le médecin ? (2h plus tôt)
Si cet examen n'a jamais été réalisé par l'infirmier, il serait bon de faire un retour d'expérience afin de comprendre les raisons de cette absence.( Connaissance du rôle et des responsabilités de chacun / Manque de connaissances / Manque de formation / Habitude de service / ... )
Il est dommage de lire que le premier examen physique de l'abdomen d'un patient opéré par coelioscopie n'a été réalisé qu'à 19h, soit 3h30 après le retour en chambre...
L'examen clinique d'un patient lors de la surveillance post opératoire fait aussi parti des prérogatives des infirmiers. (Compétence 1)
Merci pour ce partage d'information.
Bien cordialement.