Mme P, 32 ans, deuxième pare, deuxième geste sans antécédents familiaux et médicaux particuliers, présente un utérus cicatriciel (césarienne programmée lors de sa précédente grossesse).
Sa grossesse actuelle, suivie par son gynécologue de ville se déroule normalement.
Du fait de son utérus cicatriciel, une échographie du segment inférieur de l’utérus est réalisée par son gynécologue et devant un doute sur une déhiscence de la cicatrice utérine, il l’adresse à l’hôpital.
L’interne de garde du service qui réalise ne met pas en évidence d’anomalie et estime que le segment inférieur est intact.
Aucune échographie de référence, ni de consultation obstétricale pour discuter de la voie d’accouchement ne sont réalisées.
A 41 SA+2 j, la patiente consulte pour terme dépassé et un accord est donné pour un accouchement par voie basse par le chef de garde.
A 41SA+4 j, en l’absence de mise en travail spontanée, un déclenchement au Syntocinon® est programmé.
A 20h10: l’intervention est terminée, la patiente est mutée en surveillance dans l’unité de soins intensifs (USI), et à J2 en suites de couches.
Les suites opératoires sont simples, et le scanner abdomino-pelvien réalisé devant l’absence de reprise de transit est normal.
A la suite de la rupture utérine et du choc hémorragique, l’état de la patiente a nécessité une intervention chirurgicale, une transfusion et une surveillance en unité de soins intensifs. Son état s’est amélioré rapidement permettant une mutation en suite couches à J2.
L’analyse des causes profondes de cet évènement a été réalisée par la méthode ALARM
Facteurs liés aux patients
Facteurs liés à l’organisation et au management
Facteurs liés à l’individu
Facteurs liés aux conditions de travail
Facteurs liés aux tâches à accomplir
Facteurs liés à l’équipe
Facteurs liés au contexte institutionnel
- Toutes les patientes présentant un utérus cicatriciel adressées par un correspondant seront vues dans le cadre d’une consultation obstétricale pour déterminer la voie d’accouchement.
- Les correspondants seront informés de cette nouvelle disposition.
- Un protocole de surveillance des utérus cicatriciels en salle de naissance sera rédigé.
- La programmation des déclenchements sur utérus cicatriciel sera évitée les week-end et jours fériés.
Un déclenchement artificiel du travail, pour une indication maternelle ou fœtale, peut s’avérer nécessaire chez une femme ayant un utérus cicatriciel. Le déclenchement artificiel du travail reste une option raisonnable, mais le risque potentiel de rupture utérine qui y est associé, est pratiquement doublé par rapport au travail spontané en cas d’utérus cicatriciel.
Si un déclenchement est programmé, plusieurs précautions doivent être prises :
- la surveillance du travail doit être stricte, intégrant en particulier la progression de la dilatation, l’absence de troubles inexpliqués de la contractilité utérine et d’anomalies du rythme cardiaque fœtal, avec une utilisation prudente et progressive du Syntocinon®.
- l’ensemble de l’équipe devra être présent sur place, et disposé d’une infrastructure et d’une logistique permettant de réaliser une prise en charge chirurgicale dans un délai rapide.