Arriaga A., Gawande A., Raemer D., Jones D., Douglas S., Weinstock P., et al, Pilot Testing of a Model for Insurer-Driven, Large-Scale Multicenter Simulation Training for Operating Room Teams, Ann Surg 2014, 259, 3, 403-410
Un assureur (Le Risk Management Foundation of the Harvard Medical Institutions - CRICO) a pris en charge dans 4 hôpitaux d’ Harvard un programme de formation continue du travail en équipe au bloc opératoire basé sur des séances de simulation haute fidélité (mannequin).
Le programme vise à faire progresser la communication, la coordination, et le bon usage de la check-list chirurgicale. L’assureur compense financièrement le temps des médecins passés au simulateur par la réduction de leur prime. Le système national de formation continue donne également des crédits de formation aux médecins.
L’assureur consent une baisse de ses primes de 10% à chaque chirurgien, soit en moyenne 4500 US$. Les anesthésistes sont rémunérés différemment par un versement à chaque service d’environ 25.000 US$ à se répartir entre MAR. Dans les deux cas, chaque participant reçoit aussi 6 crédits de formation continue. Chaque hôpital participant reçoit par ailleurs un versement de 250.000 US$ qui lui permet de donner du temps à la préparation des simulations, de payer des frais fixes des centres de simulations et d’envoyer des paramédicaux aux simulations en couvrant leur absence au poste.
La formation se présente sous la forme de 4 scénarios dont 1 avec plaie et hémorragie, et un autre avec arrêt cardiaque. On évalue par questionnaire la satisfaction des participants et l’impact pressenti sur les pratiques (par le même questionnaire d’opinion).
221 professionnels participent au programme (médecins, paramedic) en participant sous forme d’équipe réunissant au moins 1 chir, 1 MAR, et un IBO (mais les équipes comportaient en moyenne 7 membres). Aucune séance n’a été annulée par le fait d’absence des participants.
La majorité des participants se disent satisfaits (94%), avec des thèmes motivants, bien appliqués à leurs pratiques (96%), et utiles pour progresser (92%). Sur le fond, les problèmes de communication sont les plus souvent mis en avant par les chirurgiens alors que les MAR et IBO pointent plus leur difficulté à s’imposer et faire valoir dans l’équipe leurs arguments (assertiveness).
Une initiative qui fait partie de l’enthousiasme ambiant… bon sens et absence (totale) de validation scientifique (on sait que les questionnaires d’opinions dans l’échelle de Fittspatrick sont le niveau le plus faible de preuve sur l’efficacité de ces programmes).
Quand au point de vue assurantiel, l’Europe et particulièrement la France ne jouent pas dans la même cour : les niveaux financiers des primes d’assurance américaines payées par les médecins et les institutions sont entre 3 et 5 fois plus élevées : les marges de financement pour la simulation sont donc totalement différentes.