Le Dr Malcie Mesnil remporte le premier prix pour "Perfusion pour un champion", une formation par la simulation in situ pour prévenir le risque infectieux lié aux voies veineuses périphériques (VVP).
Le Dr Malcie Mesnil, anesthésiste-réanimatrice, a travaillé 10 ans à la Fondation Rothschild en réanimation neurochirurgicale avant de se tourner vers la prévention du risque infectieux et d’occuper le poste de médecin référent Covid durant la pandémie.
Elle a rejoint l’Hôpital national des Quinze-Vingts à Paris en mai 2023 en tant que Coordinatrice de la Gestion des Risques Associés aux Soins et de la Prévention du Risque Infectieux, où elle travaille également au déploiement de la formation par la simulation en santé.
Les infections liées aux cathéters sont des infections rares mais elles peuvent être graves et entraîner des bactériémies (passage de bactéries dans le sang) avec des translocations bactériennes secondaires (endocardites, spondylodiscites, abcès cérébraux…).
La prévention des infections liées aux cathéters fait d’ailleurs partie des axes promus par la nouvelle Stratégie Nationale de Prévention des Infections et de l’antibiorésistance (2022-2025).
J’ai par ailleurs constaté que les dernières recommandations émises par la Société Française d’Hygiène Hospitalière (SF2H) en 2019, étaient encore imparfaitement connues dans l’établissement.
Grâce au dynamisme du réseau de correspondants en hygiène, l’Hôpital national des Quinze-Vingts a participé à l’audit national sur les conditions de pose des voies veineuses périphériques (VVP) en 2022 et 2023 (Observa4, réseau SPIADI).
Les résultats de cet audit ont fait ressortir des non-conformités concernant la réalisation de l’hygiène des mains, le port de gants ou le choix des antiseptiques, en particulier :
Ces résultats m’ont conduite à proposer une formation destinée à prévenir le risque infectieux, spécifiquement ciblée sur ces non-conformités par la simulation in situ.
L’approche par la simulation in situ nous a semblé pertinente dans la mesure où elle permet, grâce à l’utilisation de matériel spécifique, de la réalité virtuelle et au recours à un patient standardisé, au sein même de l’environnement de travail :
Il faut savoir que la pose de VVP est une séquence de soin relativement complexe. Grâce à cette méthode, les apprenants s’exercent et progressent dans un milieu protégé, tout en bénéficiant du droit à l’erreur sans conséquence clinique.
Nous visons 4 objectifs :
La formation concerne un public large et, en pratique, tout soignant qui peut être amené à perfuser : les infirmières (élèves et IDE), les infirmières anesthésistes (élèves et IADE), les médecins (anesthésistes-réanimateurs en particulier), les manipulateurs de radiologie…
Quant aux prérequis, il suffit d’être volontaire et d’avoir déjà perfusé, l’objectif n’étant pas d’apprendre à poser une VVP mais de s’améliorer.
Les services concernés dans notre établissement sont les urgences, l’hospitalisation, l’imagerie, le bloc et le centre d’investigation clinique (CIC).
Des sessions de formation seront également proposées spécifiquement aux équipes de nuit.
La formation est délivrée à raison d’une séance par mois, avec un service différent lors de chaque séance.
La formation se déroule en 5 temps, selon le schéma ci-dessous :
Au début de la journée de formation, l’équipe de formateurs (a minima 5 personnes du groupe), installe :
En collaboration avec l’encadrement du service, la formation est intégrée dans la journée "ordinaire" de l’apprenant.
Le scénario est simple : l’apprenant est sollicité par le médecin facilitateur qui lui demande d’aller perfuser Mme Labotest avant son passage au bloc. Charge à lui de préparer son matériel et de poser une perfusion à la patiente, qui n’a pas été informée du geste et va logiquement demander des explications. Il a la possibilité de vérifier la prescription et de tracer son acte dans le plan de soin (pose de VVP et surveillance).
Après cette première pose, l’apprenant est invité à rejoindre la salle de formation où il est accueilli par les formateurs qui vont lui proposer :
L’apprenant reprend ensuite son activité clinique.
Un peu plus tard, il est à nouveau sollicité par le médecin facilitateur pour reposer une perfusion à Mme Labotest qui l’a accidentellement arrachée. Il retournera auprès de la patiente pour une nouvelle séquence de perfusion et sera accompagné cette fois-ci par un "expert en perfusion" (formateur infirmier anesthésiste) qui lui donnera quelques conseils pour devenir un "champion de la perfusion".
Après la seconde pose, l’apprenant est à nouveau invité à répondre à l’auto-questionnaire et voit sa formation validée. Il lui est enfin demandé de répondre à un questionnaire de satisfaction.
L’équipe est composée de 9 personnes de profils variés avec, pour chacune, des missions bien spécifiques :
Nous avons fixé 5 indicateurs de suivi :
Le projet a démarré en octobre 2023, et nous avons déjà réalisé 3 séances : dans le service de chirurgie ambulatoire en octobre, aux urgences en novembre et en hospitalisation conventionnelle en décembre. De nouvelles séances sont programmées dans le service d’imagerie en janvier 2024, et au bloc opératoire en février.
Quelques indicateurs sont d’ores-et-déjà disponibles :
La véritable évaluation de l’efficacité de la formation se fera au décours de la participation au nouvel audit Observa4 en 2024.
À ce jour, l’accueil des différents services a été très agréable et les séances ont par ailleurs été l’occasion de faire se rencontrer des professionnels de différents profils, avec des échanges enrichissants à la clé.
En conclusion, au-delà de mener à bien notre planning prévisionnel, ce projet, simple et potentiellement efficace, pourrait devenir pérenne dans l’établissement et être proposé régulièrement aux soignants en poste dans l’établissement, comme aux nouveaux arrivants.
"La simulation est aujourd’hui une méthode incontournable en matière de gestion des risques en ce qu’elle permet au professionnel de s’entraîner sans risque au plus près du soin. En l’occurrence, la pose d’une VVP est un acte courant mais très exposé au risque infectieux. S’entraîner régulièrement en toute sécurité pour le patient est certainement un gage d’amélioration des pratiques" indique Marie-Christine Moll, Directrice scientifique de la Prévention Médicale.
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