Emphysème sous-cutané après intubation trachéale

Tout sur la gestion des risques en santé
                et la sécurité du patient

Emphysème sous-cutané après intubation trachéale

  • Réduire le texte de la page
  • Agrandir le texte de la page
  • Facebook
  • Twitter
  • Imprimer la page
  • Vétérinaire écoutant le cœur d'un chat - La Prévention Médicale

La muqueuse trachéale chez le chat est reconnue comme étant fragile et doit faire l’objet de toute l’attention lors de l’intubation. Il est en particulier important de désolidariser la sonde de l’appareil d’anesthésie avant toute mobilisation du patient au cours de l’intervention. Illustration avec deux cas d'événement indésirable en anesthésiologie féline.

Auteur : le Dr Michel Baussier, Docteur vétérinaire / MAJ : 18/03/2025

Cas n° 1 : Stérilisation chirurgicale d’une jeune chatte sous anesthésie volatile et emphysème sous-cutané postopératoire

Cas clinique

Une chatte âgée de six mois subit une ovariectomie pour stérilisation sous anesthésie générale volatile.

Trois jours plus tard, apparaît un emphysème sous-cutané très léger en région cervicale.

L’examen clinique conduit à la seule prescription d’un repos strict à la maison, sans sortie.

La chatte a fait une escapade et est revenue au 7e jour postopératoire avec un emphysème sous-cutané généralisé.

Une endoscopie des voies respiratoires est réalisée, elle montre une discrète lésion ulcéreuse vers le tiers supérieur de la trachée et une minuscule perforation au centre de l’ulcère.

Cette lésion est attribuée à l’intubation trachéale peropératoire.

Seule une réduction de l’activité (confinement à la maison) est prescrite et l’emphysème se résorbe en quelques semaines, sans autre soin.

L’événement est manifestement indésirable (EI), il a inquiété le maître de l’animal et son vétérinaire, mais il n’a pas mis la vie de l’animal en danger. Il a seulement entraîné un examen complémentaire à visée diagnostique.

Analyse des barrières

Cas n° 2 : Détartrage d’un chat sous anesthésie générale volatile et emphysème sous-cutané postopératoire

Cas clinique

Un chat mâle castré âgé de deux ans est présenté au praticien pour anorexie. L’examen clinique révèle une gingivite, une palatoglossite…

Un traitement médical est mis en œuvre, l’amélioration est nette mais de faible durée. Rendez-vous est pris pour un test de recherche PCR du calicivirus.

Finalement c’est un autre praticien du même établissement qui reçoit l’animal et son maître. Changement de pied : un détartrage est proposé sur-le-champ.

L’intervention est réalisée dans le prolongement de la consultation, sous anesthésie générale volatile après intubation. Les suites immédiates sont normales et l’animal est rendu à son propriétaire le jour-même.

Quelques heures plus tard, le cou du chat est emphysémateux.

Le chat est réexaminé le lendemain puis référé immédiatement à un centre de spécialistes en raison de l’hypothèse diagnostique d’une rupture trachéale. L’emphysème s’était légèrement étendu.

Un examen scanner et une trachéoscopie confirment la rupture trachéale en zone cervicale. La réparation chirurgicale en est faite.

Les suites sont normales. La résorption de l’emphysème intervient en quelques semaines.

Le test PCR a été pratiqué ultérieurement et a confirmé la calicivirose.

L’événement indésirable, à savoir l’emphysème sous-cutané provoqué par l’intubation trachéale n’a pas mis la vie de l’animal en danger mais il a provoqué l’inquiétude des acteurs. Sans être grave, encore qu’ici il ait été suivi d’une intervention réparatrice, il reste indésirable.

Analyse des barrières

Commentaire sur les deux cas

  • L’information sur ce risque rare mais non exceptionnel dans l’espèce féline n’est pratiquement jamais donnée, à tort.
  • Ce risque ne doit pas conduire à diminuer la pratique de l’intubation trachéale dont la balance avantages/risques est largement positive.
  • Ici deux cas, le premier beaucoup plus impressionnant que le second. Une fois le diagnostic confirmé, dans le premier cas on s’est contenté d’attendre la réparation et la résorption naturelles ; dans le second cas, pourtant nettement plus discret, il y a eu réparation chirurgicale. 
  • Dans les deux cas, nulle atteinte de l’état général. 
  • Dans les deux cas, la guérison a été effective.

Propositions d'actions préventives

  • Avoir présente à l’esprit la fragilité de la muqueuse trachéale chez le chat au moment de l’intubation et de l’extubation.
  • Surtout désolidariser la sonde de l’appareil d’anesthésie avant toute mobilisation du patient au cours de l’intervention.
  • En cas de réalisation du risque, attention à ne pas surréagir face un phénomène souvent plus impressionnant que grave.