Greenfield G., Majeed B., Hayhoe B., Rawaf R., Majeed A. Rethinking primary care user fees: is charging a fee for appointments a solution to NHS underfunding? British Journal of General Practice 2019; 69 (683): 280-281. DOI: 10.3399/bjgp19X703793
L’introduction d’un reste à charge à payer dans les consultations anglaises de médecine générale
La médecine générale est en grave crise au Royaume-Uni (RU), comme l’est d’ailleurs toute la santé sous le coup de coupes budgétaires répétées.
Rappelons que le modèle de santé Anglais est un modèle ‘Beveridgien’, du nom de Lord Beveridge qui a doté la Grande Bretagne en 1942 d’un nouveau système « Welfare State » . Ce modèle propose à tous les citoyens une couverture universelle avec une totale gratuité, un financement assuré par l'impôt et une forte prédominance du secteur public et un système directif imposant quasiment le médecin au patient.
Les auteurs de cet éditorial regardent ce qui se passe dans les autres pays riches, particulièrement dans les systèmes de santé dits ‘Bismarkiens’ (Allemagne, Belgique, Autriche, France) qui reposent sur des solidarités professionnelles, un financement par des cotisations (et non l’impôt), une gestion de l’assurance distincte de la gestion du soin, une offre mixte publique et privée, un choix libre du médecin, et en général un échange d’argent entre patient et médecin (absent dans le système anglais) avec un reste à charge souvent non remboursé par le régime général.
Finalement, le système anglais est plus protecteur, mais avec un accès bien difficile, et un système en quasi faillite financière.
L’idée de l’instauration d’un reste à charge pour les patients, de sorte à redynamiser le système anglais et à le ré-équilibrer financièrement fait son chemin. Elle est déjà effective depuis 1951 sur les soins dentaires. 70 ans plus tard, le débat rebondi sur la médecine générale. En 2016, le déficit du NHS a dépassé 1,85 milliard £, avec une vitesse d’enfoncement spectaculaire puisqu’on attend 30 milliards £ de déficit en 2020 ; si l’on poursuit la trajectoire politique actuelle, la santé représente encore 9 % du PIB anglais, mais pourrait tomber à 6,8 % en 2020, mettant le RU au niveau des pays des tiers-monde. Malgré la récente décision d’injecter 20 millions £, des discussions se poursuivent au parlement pour introduire un paiement de reste à charge de 10£ par consultation pour sauver le système.
Ce serait un immense changement pour les Anglais et leur système de santé, ouvrant sans doute la voie à d’autres restes-à-charge.
Mon avis : les prémices de la fin du modèle Anglais Beveridgien