Watcher, R., Why diagnostic errors don’t get any respect, and what can be done about them, Health affairs, 29, 2010, 1605-1610
L’enquête historique d’Harvard (Brennan et Leape, NEngJMed, 1991) sur la fréquence des EIG avait déjà montré que 17% des EIG étaient liés à des erreurs de diagnostic, une fréquence bien supérieure aux erreurs médicamenteuses ; ce chiffre contraste avec la faible priorité dont il fait l’objet dans les recherches. Cette faible considération peut s’expliquer par la mécanique politique de priorités sur la sécurité du patient qui a résulté du rapport de l’IOM de 1999 (to err is human) : attaquer les domaines les plus médiatiques, les plus organisationnels, et les plus en lien avec des solutions de type informatisation rapide du domaine médical. Inversement, la question de la pertinence du diagnostic est toujours un sujet de polémique, difficile à mesurer, moins tracée et accessible dans le dossier (quel symptôme, quel examen, quelle anamnèse, qu’a répondu exactement le patient), et de ce fait objet de fréquent désaccord entre experts. On mesure mieux un chemin de soins correspondant à un diagnostic donné, des procédures de soins, voire un résultat sur le patient que le critère d’entrée dans le système (le diagnostic lui même) .
Comment améliorer ce domaine, ou simplement l’aborder. Trois dimensions pertinentes : (i) apprendre à mieux raisonner en utilisant mieux les connaissances des sciences cognitives, notamment l’évitement des biais de raisonnement ; (ii) apprendre à mieux utiliser les symptômes, peut être avec l’aide renforcée de l’informatique, (iii) tout en se méfiant que l’informatique peut paradoxalement conduire à une fausse sécurité et une attention insuffisante du médecin. Le papier se termine par une réflexion sur la responsabilité dans ce domaine, ambigüe dans ce domaine souvent typique de l’erreur humaine (responsabilité d’une erreur cognitive ?), et sur cinq orientations à soutenir : la recherche, toutes les actions simples qui réduisent les erreurs, l’informatisation bien domestiquée, la formation, et organisation, notamment en se garantissant une séniorité suffisante des médecins en service, un travail partagé, et une supervision des juniors.
Bonne réflexion sur les raisons d’un domaine un peu délaissé.