Landrigan, C. P., Rahman, S. A., Sullivan, J. P., Vittinghoff, E., Barger, L. K., Sanderson, A. L., ... & Halbower, A. C. (2020). Effect on Patient Safety of a Resident Physician Schedule without 24-Hour Shifts. New England Journal of Medicine, 382(26), 2514-2523.
Étude multicentrique et randomisée publiée dans le NEJM et conduite aux USA sur l’effet de la sécurité du patient des récupérations imposées aux internes de réa pédiatrique. Deux groupes, l’un sans limitation de temps de travail et pouvant dépasser 24h de présence et bien plus dans le service (groupe contrôle), et l’autre obéissant aux règlements fédéraux avec aucun dépassement de présence supérieur à 16h dans le service, et repos à suivre imposé. L’analyse des erreurs et évènements indésirables est conduite sur dossier patient (groupe intervention).
Les deux groupes ont eu des charges de travail différentes avec plus de patients à charge dans le groupe bénéficiant de repos compensateur (nombre de patients affectés à chaque interne) 8.8±2.8 pour le groupe avec repos compensateur et limitation de temps de travail vs. 6.7±2.2 pour le groupe sans limitation.
Tout de même et de façon surprenante, le nombre d’erreurs commises est significativement supérieur dans le groupe avec repos compensateur et limitation de temps de travail (97.1 erreurs/1000 patients/jour vs. 79 /1000 patients-jour pour le groupe sans repos imposé; OR 1.53; 95 % [CI], 1.37 to 1.72; P<0.001).
De même si l’on raisonne en termes de sévérité des erreurs dans tout le service (et pas seulement pour les patients à charge de chaque interne), le groupe avec limitation de temps de travail s’avère plus affecté (181.3 erreurs vs. 131.5/1000 patients/jour; 0R1.56; 95 % CI, 1.43 to 1.71).
Ces résultats varient tout de même beaucoup selon les hôpitaux, avec certains hôpitaux/services où la différence est même inverse (un seul hôpital) ou moins marquée entre les deux groupes, et plus encore, les résultats sont beaucoup moins significatifs si l’on utilise des données pondérées par le poids (nombre, sévérité) des patients pris en charge.
Au total, les auteurs concluent quand même qu’il y a peu d’évidence, en termes de sécurité du patient, entre les deux groupes et peu d’éléments en faveur de la politique de repos compensateur forcé. Ces résultats confirment de nombreuses autres études publiées dans les années précédentes.
La littérature s’était un peu éteinte sur le sujet du temps de travail/ repos des anesthésistes, mais elle rebondit avec les urgences et les internes ; pour autant, c’est un peu le même résultat contro-factuel, l’effet repos imposé ne se manifeste pas par une amélioration de la sécurité du patient (effet négatif largement cité chez les internes en chirurgie : à voir dans une autre revue thématique spécifique aux temps de travail en chirurgie).