Le prix des internes a été attribué à Guillaume de Cormeille pour SIMDOSE, un simulateur numérique pour la formation des étudiants infirmiers à la préparation médicamenteuse.
Ce projet innovant de mise en situation professionnelle sécurisée et pédagogique a pour ambition de prévenir et réduire la survenue d’EIG (événements indésirables graves) liés aux médicaments et à leur préparation.
L’enjeu est de mieux former les étudiants infirmiers pour une qualité et une sécurité des soins accrues.
Les médicaments sont la 3e cause événements indésirables graves avec 60 000 à 130 000 événements selon l’enquête nationale de 2009 (Ministère des Solidarités et de la santé, 2020). Une erreur sur deux est évitable (HAS, 2015). L’erreur peut être liée au dosage du médicament, à la posologie, à l’administration, au débit, au patient…
Partant du constat que l’erreur est un facteur humain, nous pensons que nous pouvons agir sur la formation des professionnels de santé et sur les modalités d’apprentissage. Bien évidemment le risque zéro n’existant pas, il faut chercher à le réduire, un des axes étant la formation initiale et continue.
De formation infirmier, dans le cadre de ma thèse en psychologie cognitive, je travaille sur les apprentissages des étudiants infirmiers à travers l’outil numérique comme les simulateurs numériques. Par ailleurs, je suis doctorant chez Simforhealth, qui met à disposition ses outils numériques. Dans le cadre d’un partenariat que j’ai initié avec un éditeur papier spécialisé dans la formation infirmière, nous avons élaboré un simulateur numérique d’entrainement de préparation médicamenteuse et de calcul de doses pour la formation des professionnels de santé.
L’étudiant peut s’entraîner autant de fois que nécessaire pour gagner en aisance et maîtriser les bonnes pratiques pour la sécurité du patient.
Dans chaque exercice, il est confronté à une situation professionnelle et doit préparer un médicament à la demande du médecin.
Toutes les étapes sont balayées et doivent être respectées : préparation, injection ou perfusion d’anticoagulant, d’insuline, d’antibiotiques, d’électrolytes, administration de comprimés, vérification intégrale de la prescription dans le dossier de soin, concordance des informations, calcul de dose et de débit, choix du matériel nécessaire dans les bonnes quantités (prévention du coût économique), préparation et validation de l'étiquette.
Grâce aux 3 niveaux de difficulté (Guidé, Normal et Expert), l’apprentissage est progressif et permet de maîtriser la pose des calculs en étant de moins en moins guidé par des indices ou des aides. Tout le schéma mental de réflexions est posé et guidé. Des rappels théoriques à chaque étape permettent de revoir les notions importantes et le feedback final assorti d’un score permet de s'évaluer et de pouvoir revenir sur ses erreurs, les comprendre pour ainsi tenter d’augmenter ses performances.
A l’issue de l’entrainement de l’apprenant avec l’outil de simulation (s’appuyant sur la règle "jamais la première fois sur le patient" mais toujours en entrainement), le formateur effectue un débriefing. Grâce au "tracking" de la courbe d’apprentissage de l’apprenant, il peut le personnaliser.
L’atout majeur de ce projet numérique est l’apprentissage en autonomie de l’étudiant, à son rythme. L’entrainement est reproductible, sans risque pour le patient, tout en limitant le coût pharmaco-économique lié à la préparation des médicaments, même si cela pourrait se faire avec du consommable périmé.
Les objectifs pédagogiques sont :
Une étude randomisée contrôlée avec des instituts de formation en soin infirmiers pourrait mettre en évidence l’intérêt de ces outils numériques au service de la formation des étudiants et professionnels de santé.
Le projet qui comporte à ce jour 30 situations va s’étendre aux spécialités de pédiatrie, de réanimation et d’urgence pour la manipulation de médicaments peu courant pour un infirmier de service dit traditionnel.
"La sensibilisation au risque lié aux pratiques de soin doit pouvoir se faire très en amont de la prise de poste et donc dans la formation initiale. Pour certains actes très à risques (la préparation et l’administration des médicaments en font partie) un entrainement intense et régulièrement réitéré est indispensable. Les conditions d’apprentissages en stage ou en école ne permettent pas une réitération suffisante. L’arrivée des outils de simulation où l’apprenant peut en toute sécurité pour le patient s’entrainer jusqu’à obtenir une maitrise suffisante et son évaluation constituent un facteur majeur dans la sécurité des soins. Il était important de valoriser cette initiative très efficace pour l’apprentissage du geste sûr conçu par un professionnel de terrain", déclare le Docteur Marie-Christine Moll, Directrice scientifique de La Prévention Médicale.
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