Les erreurs de prescription sont courantes et surviennent dans 7 % des ordonnances de médicaments des patients hospitalisés dans les hôpitaux britanniques, des chiffres voisins de ceux mesurés en France et dans les pays occidentaux. Les internes en première année sont particulièrement concernés, à la fois par leur statut de junior, mais aussi par le fort volume de garde et le nombre de patients qu’ils soignent au quotidien pour leur pathologie principale et toutes les autres demandes circonstancielles de tous ordres.
On sait par la littérature que les audits à postériori, ou/et les formations théoriques sont nécessaires mais ne suffisent pas à améliorer ces prescriptions très variées.
Il convient de recourir à des méthodes plus personnalisées (Bertels 2013, Green 2020), moyennant un retour vers le prescripteur avec un intervalle temporel plus faible par rapport à l’erreur commise ; particulièrement des rétroactions directes et rapides sur leur prescription pour se corriger dans un climat réel d’aide, de confraternité et de solidarité, relevant d’une culture de sécurité partagée (Dorman 2009).
Plusieurs hôpitaux anglais ont organisé cet apprentissage partagé (Cooper 2021), avec des e-mails de "bons conseils de prescription" conçus et envoyés en retour de prescription puis partagés entre tous les internes tous les quinze jours et avec des commentaires sur les erreurs de prescription courantes/graves observées dans leurs pratiques.
Les pharmaciens de service sont les formateurs et auteurs de ces feedbacks. Un travail particulier est fait sur le climat de retour de ces commentaires vers les internes, bienveillant, pédagogique, évitant le côté hiérarchique et évidemment les critiques et sanctions, ce qui semble déterminant pour le succès de la démarche. La prévalence des erreurs de prescription a été comparée avant et après l'intervention à l'aide.
Dans l'ensemble, on note une réduction statistiquement significative (p < 0,05) du taux d'erreur de prescription entre AVANT (441 erreurs dans 6 190 prescriptions, 7,1 %) et APRES la mise en place de l’aide (245 erreurs dans 4 866 prescriptions, 5,0 %).
Lorsque les données ont été analysées par type de service, on voit une réduction statistiquement significative du taux d'erreurs de prescription dans les services médicaux (6,8 % à 4,5 %) et dans les services chirurgicaux (8,4 % à 6,2 %).