Le concept d’une seule santé ("One Health") est un concept maintenant bien acquis par les services vétérinaires.
Il est présenté sur le site de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) auquel nous empruntons largement.
Le concept "Une seule santé" a été introduit au début des années 2000, synthétisant en quelques mots une notion connue depuis plus d'un siècle, à savoir que la santé humaine et la santé animale sont interdépendantes et liées à la santé des écosystèmes dans lesquels elles coexistent.
L’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) envisage et met en œuvre ce concept comme une approche collaborative globale pour appréhender dans leur ensemble les risques pour la santé humaine, animale – qu’elle concerne les animaux domestiques ou sauvages - et pour les écosystèmes.
Elle met à profit non seulement les normes intergouvernementales qu’elle publie et l’information mondiale sur la santé animale qu’elle recueille, mais également son réseau d’experts internationaux et ses programmes de renforcement des services vétérinaires nationaux. En outre, l’OIE collabore de manière synergique avec plus de 70 autres organisations internationales, notamment celles qui jouent un rôle clé à l’interface homme-animal-écosystèmes.
Les maladies d’origine animale auxquelles l’homme est sensible, telles que l’influenza aviaire, la rage, la fièvre de la vallée du Rift ou encore la brucellose, représentent des risques mondiaux de santé publique.
D’autres maladies à transmission essentiellement interhumaine circulent chez l’animal ou ont un réservoir animal identifié et peuvent causer de graves crises sanitaires comme l’a récemment démontré l’épidémie de la maladie à virus Ebola.
Ces risques s’accentuent avec la mondialisation, le changement climatique ainsi que les modifications de comportements humains, qui offrent de nombreuses opportunités aux pathogènes de coloniser des territoires inhabituels et d’évoluer sous de nouvelles formes.
On estime aujourd’hui que :
Le contrôle, dès leur source animale, de tous les pathogènes zoonotiques - c’est-à-dire transmissibles de l’animal à l’homme et vice-versa -, est la solution la plus efficace et la plus économique pour protéger l’homme.
Par conséquent, la protection de la santé publique doit passer par l’élaboration de stratégies mondiales de prévention et de contrôle des pathogènes, coordonnées à l’interface homme-animal-écosystèmes et applicables aux échelles mondiale, régionale et nationale grâce à la mise en place de politiques adaptées.
Les services vétérinaires, que ce soit dans leur composante publique ou privée, jouent un rôle essentiel dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques de gestion des risques sanitaires.
En protégeant la santé et le bien-être animal, ils contribuent à améliorer la santé humaine à proprement parler, ainsi que la sécurité sanitaire des aliments et la sécurité alimentaire.
Il leur est donc nécessaire de disposer de moyens appropriés pour prévenir et contrôler les maladies animales de manière efficace, et pouvoir communiquer et travailler en lien étroit avec de nombreux acteurs, afin d’agir de manière concertée.
Face à cette exceptionnelle pandémie, en France, le ministère en charge de la santé fait appel à la réserve sanitaire.
Cinq mille vétérinaires (à titre de référence, la profession comporte dix-huit mille vétérinaires en exercice) ont répondu spontanément en quelques jours à cet appel.
Par ailleurs, de très nombreux vétérinaires ont mis à disposition des hôpitaux leur matériel de réanimation (respirateurs, concentrateurs d’oxygène, appareils de monitorage). Les médicaments vétérinaires de composition identique aux médicaments à usage humain (anesthésiques à base de propofol notamment) sont officiellement mis à disposition des hôpitaux.
Les laboratoires vétérinaires départementaux de diagnostic - qui ont depuis longtemps une grande expérience des coronavirus responsables de maladies spécifiquement animales, notamment des beta-coronavirus comme dans le cas du coronavirus SARS-CoV-2, mais aussi des tests de diagnostic PCR, et ce à grande échelle, avec une capacité de réaliser journellement un très grand nombre de tests -, auraient sans doute pu précocement être mis à contribution utilement.
Malheureusement, la France voulant à toute force oublier ces dernières décennies que, dans le sillage de Pasteur, médecins et vétérinaires avaient su il y a plus d’un siècle contribuer ensemble à la santé publique (BCG, anatoxine diphtérique…), les politiques publiques n’ont eu de cesse de séparer les deux médecines et, de la sorte, les deux santés.
Récemment encore, les vétérinaires ont pourtant su montrer aux médecins qui avaient plutôt eu tendance à les critiquer, dans le cadre de la lutte contre la résistance bactérienne aux antibiotiques, leur capacité collective à agir ou réagir.
La réussite en médecine vétérinaire sur une période de seulement cinq ans a été en effet incomparablement bien meilleure qu’en médecine humaine en matière de réduction significative des emplois inutiles d’antibiotiques et d’acquisition de bonnes pratiques…
Aujourd’hui, la pandémie et la crise sanitaire qu’elle provoque sont en train de démontrer de façon criante la nécessité de lier santé humaine et animale. A espérer que, cette fois, des leçons sauront être utilement tirées de la crise.
Références :
"Une seule santé" en bref
Académie vétérinaire de France
"Agir au sud pour lutter contre les zoonoses est une nécessité impérieuse". Frédéric Apollin, Dr. Barbara Dufour, Dr. Manuelle Miller, Dr. Hervé Petit .AVSF - Agronomes et Vétérinaires sans frontières - https://www.avsf.org/- 30 mars 2020