Une patiente de 82 ans est suivie par son médecin généraliste pour une cardiopathie hypertensive et ischémique avec arythmie complète par fibrillation auriculaire, connue depuis août 2002 et traitée au long cours. Début avril 2006, elle est victime d’un traumatisme entraînant un hématome de la jambe droite...
Lors de l’expertise (mars 2009), la marche était possible avec une boiterie droite. Il persistait une diminution de la force musculaire segmentaire du MS droit. Sur le plan neuro-psychologique, il existait, en particulier, une lenteur idéatoire marquée, une fluence verbale effondrée. La malade ne savait plus lire. Elle était incapable de s’occuper de ses affaires dont la gestion était assurée par sa sœur.
ASSIGNATION par la patiente du MEDECIN GENERALISTE et de la PHARMACIENNE Adjointe en réparation du préjudice qu’elle avait subi (2007).
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L'expert, chef de service de neurologie, estimait que « (…) La rédaction incorrecte de l’ordonnance du généraliste avait été à l’origine d’une erreur de prise médicamenteuse et donc du surdosage en AVK et de l’hypocoagulation majeure. La pharmacienne adjointe aurait dû avoir son attention attirée par l’anomalie que constituaient 3 prises par jour d’AVK, ce qui ne se fait jamais. Par ailleurs, l’attitude de l’infirmière qui terminait le traitement par héparine sans se soucier des modalités de la reprise du traitement anticoagulant posait question. Enfin la patiente dont il était dit qu’elle était parfaitement autonome et qu’elle gérait seule ses traitements avant la survenue des faits, ne semblait pas très au courant de ce qu’était un traitement par AVK et des risques qu’elle pouvait encourir en cas de prise excessive (…) » La responsabilité du préjudice subi par la malade était due, selon l’expert, pour 70% au généraliste et 30% au pharmacien. IPP évaluée à 55.
Les magistrats retenaient l’analyse de l’accident faite par l’expert mais estimaient que « (…) le médecin généraliste ne pouvait se voir reprocher qu’une indication pouvant donner lieu à interprétation, alors que la pharmacienne adjointe, spécialiste du médicament ne pouvait se méprendre sur le caractère inapproprié de l’interprétation qu’elle faisait de la prescription ; que sa faute était d’une extrême gravité puisqu’elle révélait une méconnaissance notoire de la posologie d’un médicament pourtant fréquemment prescrit (…) » A partir de cette argumentation, le tribunal décidait d’attribuer 70% de l’indemnisation du préjudice de la patiente à l’employeur de la pharmacienne adjointe et 30% au médecin généraliste.
Indemnisation de 227 761€.