Prescrire à la sauvette est toujours dangereux. La plupart des barrières de prévention habituellement efficaces volent en éclat dans ces conditions. Le pire peut arriver rapidement et en y réfléchissant, pour des raisons peu justifiées...
Cas clinique
Un patient de 77 ans consulte son médecin traitant pour un renouvellement d’ordonnance des anticoagulants qu’il prend à la suite d’une embolie pulmonaire bilatérale.
Le médecin traitant habituel n’est pas disponible ce jour-là. L’associé, médecin généraliste, réalise la prescription informatique d’antivitamines K et le patient sort du cabinet de consultation pour re-rentrer immédiatement en sollicitant un soulagement pour une gêne buccale évocatrice d’une mycose. Le médecin prescrit sur une ordonnance séparée, manuscrite sur son papier à en-tête, un gel buccal de Daktarin.
Alors que le traitement anticoagulant était bien équilibré jusque-là, 12 jours plus tard, l’INR est à 6,22 (avec un TP à 17 %). Dans la semaine suivant la prescription conjointe de ces deux médicaments, le patient a ressenti des troubles visuels : un ophtalmologiste confirme une hémorragie de l’œil droit dûe à un important hématome choroïdien temporo-maculaire responsable d’une baisse de l’acuité visuelle à 5/10ème.
L’hémorragie s’est ensuite progressivement résorbée, sans conséquence grave pour l’acuité visuelle notée à 7/10ème cinq mois plus tard, l’angiographie confirmant la résorption de l’hématome.
Un mois après cet examen, après un traitement de photocoagulation rétinienne, l’acuité visuelle se dégrade de façon brutale (1/10ème), ceci coïncidant avec une nouvelle fluctuation spontanée de l’hémostase. En fait, cette baisse d’acuité est considérée comme étant en rapport avec l’évolution spontanée d’une dégénérescence maculaire sous-jacente.
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