Une jeune femme de 27 ans présente des hallucinations auditives et des idées délirantes après son premier accouchement. L'hospitalisation en psychiatrie préconisée par le psychiatre est refusée par la patiente et son mari. Les troubles de cette patiente ne pouvant être gérés en maternité, la prise en charge a été inadaptée et tardive.
Mme A, primipare de 27 ans, sans antécédent particulier, accouche par voie basse à 39 SA + 4j. A J4, elle présente des hallucinations auditives et des idées délirantes. Elle est examinée à 2 reprises par un psychiatre de garde qui ne demande pas de suivi particulier.
A J5, Le psychiatre est à nouveau appelé ; il diagnostique une psychose puerpérale et préconise une hospitalisation en psychiatrie, qui est refusée par la patiente et son mari. Un traitement médicamenteux est instauré.
A J6, après une tentative de fugue, le psychiatre de garde des urgences propose une prise en charge de la patiente dans l’unité mère-enfant d’un centre spécialisé. Le couple refuse à nouveau cette hospitalisation et la patiente est transférée en gynécologie, et le bébé en pédiatrie, seul compromis trouvé pour assurer et sécuriser la surveillance de la patiente et de son bébé.
A J7, il n’y a toujours pas de prise en charge de la patiente dans une unité spécialisée en psychiatrie mais le psychiatre de garde s’informe par téléphone de son état auprès de l’équipe soignante de gynécologie.
A J9, l’équipe soignante constate un changement brutal du comportement du mari, qui est très agité et quitte sa famille sans explication. Un signalement d’information préoccupante pour l’enfant est envoyé au parquet qui délivre une ordonnance de placement provisoire (OPP).
A J10, les troubles hallucinatoires de la patiente persistent avec un risque pour elle-même et son bébé. Le traitement médicamenteux est changé et une demande de soins psychiatriques sur décision du représentant de l'Etat (SPDRE) est adressée au Parquet. La famille est sans nouvelles du mari depuis 24h.
L’enfant est envoyé en famille d’accueil et la patiente transférée en centre d’accueil et de traitement à durée brève (CATDB) structure spécialisée où coexistent soins somatiques et psychiatriques.
A J11, le mari est également hospitalisé dans un service de psychiatrie.
Si aucune conséquence n’est à déplorer dans ce dossier, force est de constater que la prise en charge a été défectueuse et tardive. Les troubles de cette patiente ne pouvant être gérés en maternité, une prise en charge plus adaptée aurait dû être organisée, quand on sait que la psychose puerpérale peut aboutir à de graves complications psychiatriques, la patiente pouvant présenter un danger pour elle-même et/ou pour le nouveau-né en fonction du thème de délire et du degré d’agitation.
Facteurs de la grille ALARM | Eléments de contexte - Causes identifiées |
Facteurs liés aux patients |
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Facteurs liés à l'organisation et au management |
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Facteurs liés à l'individu |
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Facteurs liés aux conditions de travail |
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Facteurs liés aux tâches à accomplir |
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Facteurs liés à l'équipe |
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Facteurs liés au contexte institutionnel |
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La psychose puerpérale est considérée comme une urgence psychiatrique qui nécessite une prise en charge spécialisée immédiate, dès l'apparition des premiers symptômes.
La structuration de l’offre de soins en psychiatrie périnatale nécessite de former un personnel qualifié, et la collaboration de tous les intervenants de la petite enfance (pédiatres, généralistes, PMI, obstétriciens, sages-femmes, travailleurs sociaux, centres maternels, crèches, assistantes maternelles, etc.).
À cause du risque d'infanticide et de suicide, une hospitalisation, de préférence dans une unité mère-bébé de psychiatrie périnatale, est nécessaire.
Cette hospitalisation conjointe, par une prise en charge pluridisciplinaire, vise à favoriser le cadre le mieux adapté au développement psychique et physique du bébé, quand on sait l’importance de la relation que l’enfant développe avec sa mère dans sa première année de vie, sans oublier bien sûr la nécessité d’évaluer les risques encourus par l’enfant face aux troubles psychiques de sa mère.