L'alimentation du nouveau-né est une responsabilité lourde pouvant mener à des situations à risques. Il est donc important que les professionnels de santé soient minutieux dans cette tâche afin d'éviter toute erreur d'administration.
La nuit du 3 décembre l’IDE de néonatalogie, lors des soins de Jérémie, bébé de 1500 g observe du sang dans les selles au moment du change. Ce bébé a une sœur jumelle qui vient d’être déperfusée.
L’IDE appelle le médecin senior pour l’informer de la rectorragie. Le médecin prescrit de changer l’alimentation du bébé : passer de lait maternel enrichi à lait maternel non enrichi, ou à défaut à un substitut de lait maternel (Prégistimil) ; si aucun de ces produits n’est disponible, la solution est de perfuser le bébé.
L’IDE commence par regarder dans le réfrigérateur du service de néonatalogie s’il y a une seringue de lait supplémentaire en stock (les bébés de petit poids sont alimentés par sonde naso gastrique à la seringue).
Il n’y a pas de seringue de lait maternel ni de canette de Pregistimil.
L’IDE interroge ensuite tous les services qui pourraient avoir du lait dans leur réfrigérateur (maternité et Nourrisson Jeunes Enfants). Personne n’a de lait (ce qui est normal, car il n'y a pas de stock de lait poolable dans les unités).
L’IDE travaille habituellement de jour ; elle ne travaille la nuit que sur sa semaine de travail quand il y a besoin de remplacement la nuit. Elle a cependant travaillé régulièrement de nuit ces derniers mois
(un à deux jours par mois). Elle n’a pas l’habitude d’avoir à trouver du lait car la journée, il y a des auxiliaires de puériculture affectées au service Unité Diététique Pédiatrique (UDP) qui sont chargées de l’alimentation des bébés.
En général, La gestion de l’alimentation des bébés se fait de la façon suivante :
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L’IDE s’adresse au service de neuro-pédiatrie au 4ème étage (qui n’a pas de lait non plus dans son réfrigérateur) pour accéder à l’ UDP. L’IDE demande à être accompagnée d’une Auxiliaire de Puéricultrice (AP) de l’unité, habituée du service et qui connaît le fonctionnement de l’UDP. En effet, les AP peuvent être amenées à accéder à l’UDP car toute préparation de biberon en poudre se fait dans le labo de l’UDP, pour éviter tout risque de contamination (de plus, l’AP a fait un stage découverte à l’UDP peu de temps auparavant).
L’AP cherche du Pregestimil dans la réserve de l’UDP et n’en trouve pas (ni liquide ni en poudre). Elle s’habille selon la procédure normale pour entrer dans le labo et accéder au réfrigérateur. Dans le réfrigérateur, il y a 2 biberons de 40 ml de lait de 2 mères différentes. L’IDE connaît l’une des 2 patientes, sait qu’elle est sortie, qu’elle a beaucoup de lait et qu’elle a accepté de faire un don. Elle ne connaît pas la deuxième, mais pense que si son lait est bon pour son bébé, il est bon pour tous. Elle vérifie auprès de l’interne qui confirme.
L’IDE prépare donc 2 seringues avec les deux biberons, pour la tétée de 5 h 00 et celle de 8 h 00 pour avancer ses collègues qui n’auront pas ainsi à chercher du lait (l’UDP n’ouvre qu’à 8 h 30) l’IDE trace sur le classeur de l’UDP le lait donné à l’enfant (étiquette bébé et étiquette des 2 mères).
A leur arrivée, les AP de l’UDP constatent que du lait non poolable a été donné à un bébé (pour un des deux biberons). Le contrôle de la qualité du lait montre qu’il n’y a pas de problème bactériologique ou sérologique. La mère n’avait pas signé d’autorisation pour don de lait.
Aucune conséquence pour le bébé. Mais il s’agit d’une situation à risque.