Mathews SC, Makary MA. Billing Quality Is Medical Quality. JAMA. 2020;323(5):409–410. doi:10.1001/jama.2019.19648
Le budget de la santé aux Etats-Unis est juste incroyable.
Il atteint 350 milliards (325 milliards en France) et pourtant le pourcentage à payer de sa poche pour les assurés ne cesse d’augmenter.
25 % des citoyens américains sont endettés au-delà de leurs possibilités financières et la santé pèse pour 58 % sur ces dettes toxiques.
En 2018, 50 % d’un panel de patientes atteintes de cancer du sein stade IV disaient être poursuivies pour dettes médicales. Sur un autre panel de 1 000 patients, 64 % disait qu’ils avaient reporté ou annulé des soins pour des raisons financières.
Cette terrible réalité est cependant variable selon les états et les hôpitaux/réseaux de soins : certains sont plus tolérants que d’autres.
Les prix ne sont pas toujours fixés et connus. Ainsi pour la pose d’un stent cardiaque, les prix ne sont affichés et dits au patient que dans 53 % des hôpitaux ; et ces prix, quand ils sont affichés, varient de 44 000 dollars à 44 800 dollars sans lien avec la qualité et la sécurité des soins mesurée par les indicateurs nationaux.
Dans une analyse récente, 36 % (48/135) des hôpitaux de Virginie ont saisi le salaire des patients dont les factures médicales étaient impayées, et 5 hôpitaux ont représenté 4 690 cas de saisie-arrêt en 2017, soit 51 % de tous les cas. Au total, 20 054 poursuites ont été déposées en Virginie contre des patients pour dettes impayées. A minima, un progrès attendu serait de ne pas poursuivre les patients alors qu’ils sont encore en stress avec leur pathologie…
L’article poursuit en citant le jargon habituel dans lequel sont exprimés les prix et les services médicaux, incompris de la plupart des citoyens. Certains réseaux ont fait des efforts notables sur ce point, comme sur le fait d’ouvrir des discussions sans tabou avec le patient sur ses ressources, le coût des soins et la façon de résoudre le problème quand il y en a un.
Il faudrait aussi sortir d’une vision habituelle qui fait facturer (beaucoup) plus les mêmes soins aux patients non assurés, simplement parce qu’on se retrouve en marché libre, et hors prix négocié avec les systèmes d’assurance officiels.
Il est presque inimaginable de voir à quel point un grand pays peut accepter un système de santé aussi inégalitaire.