Ratwani, R. M., Reider, J., & Singh, H. (2019). A Decade of Health Information Technology Usability Challenges and the Path Forward. JAMA. 2019;321(8):743-744. doi:10.1001/jama.2019.0161
La loi de 2009 aux USA sur l’usage des données médicales informatiques et particulièrement des dossiers électroniques en santé (Health Information Technology for Economic and Clinical Health (HITECH) Act) a conduit à l’adoption quasi généralisée par les établissements de santé US de ces outils informatiques. Le couplage digital de transmissions automatiques de résultats avec les laboratoires, services de radiologie et autres services de test est également assez avancé. Voilà pour la théorie et le marché (juteux). Reste un usage plus difficile et une qualité de ces systèmes encore très discutable et décevant. Le mésusage de ces nouveaux systèmes peu ergonomiques a même entraîné énormément d’erreurs médicales et d’EIG, sans parler d’une perte de temps clinique énorme dédiée à gérer, utiliser et remplir les informations, au détriment de la présence médicale auprès des patients. Paradoxalement, alors que le déploiement est un marché énorme, la qualité ‘d’utilisabilité’ des systèmes d’informations médicaux a très peu évolué dans le temps, et reste très modeste. Les recommandations des agences ne sont souvent pas respectées par les vendeurs. Les systèmes sont rigides, peu adaptables au spectre d’usage et à la variété des hôpitaux ; et quand c’est le cas, les modifications sont à des coûts rebutants pour l’acheteur. Ce résultat décevant contraste avec une industrie digitale très évolutive (téléphone par exemple) et très centrée sur la facilité d’usage. Un point clé récurrent reste qu’il faudrait améliorer un vrai co-design entre vendeurs, acheteurs et usagers cliniciens.
Les auteurs décrivent 5 leviers d’action pour améliorer la situation : (1) créer un retour d’expérience national public recensant tous les problèmes de sécurité associés à ces systèmes, recensant aussi les solutions qui ont été apportées par les différents vendeurs en proie à des bugs ou problèmes de leurs systèmes (2) établir des standards de base dans la conception et l’usage de ces systèmes, pas seulement sur la couleur des écrans… mais plutôt sur l’usage ‘user-friendly’ en contexte médical, (3) établir des standards sur la sécurité dans la conception (par exemple l’introduction que les formats électroniques tronquent des infos importantes sur le patient), (4) simplifier la documentation et l’apprentissage pour des personnels déjà très occupés, (5) développer des standards et scénario de test qui permettent la comparaison objective des systèmes proposés.
Mon avis : des évidences mais qui sont bien dites et bien résumées.