Niang, M., Dupéré, S., Alami, H., & Gagnon, M. P. (2020). Are Health Innovations Techno-economic or Social Values in a period of a Health Crisis? A Reflection on the Field of Public Health through the Examples of Ebola and Covid-19. Preprints 2020, 2020090225 (doi: 10.20944/preprints202009.0225.v1).
On sait que les évolutions en santé sont particulièrement nombreuses, motivées par une vision techno-économique pour la plupart (nouvelles techniques, nouveaux profits pour l’industrie). On continue sans rien changer et on parle peu de leurs valeurs sociales pendant les crises, alors que cette dernière est essentielle dans ces périodes et dans l’attente du système de santé. L’article propose une analyse plus épistémologique de l’innovation dans le contexte de deux crises majeures, celle d’Ebola en Afrique, et celle mondiale du COVID-19.
L’analyse des innovations technologiques proposées dans le cadre de ces deux pandémies (médicaments, vaccins mais pas seulement) s’appuie toujours au départ sur de bons sentiments et sur une logique de demande sociale pressante. Mais l’innovation se développe souvent dans la réalité dans une logique de marché, bien éloignée de la demande de départ, avec des produits partiellement, voire pas du tout efficaces, mais qui profitent de la crise pour se diffuser sans avoir à satisfaire les délais usuels de tous les filtres habituels ou des produits efficaces mais qui se limitent à quelques populations bénéficiaires, en en excluant de nombreuses autres. Ces innovations finissent souvent par être bureaucratisées, verticalisées dans leur diffusion, décontextualisées de la réalité du terrain et de sa complexité sociale. Même les idées simples de confinement, l’appui massif sur les technologies digitales, et les innovations imposées organisationnelles se heurtent au défaut d’engagement d’une grande partie de la population, de sa compréhension de l’utilité, et d’une vision verticale sans regard sur les valeurs sociales qu’elle met en péril, parfois en aggravant les inégalités entre ceux qui comprennent et bénéficient de l’innovation et ceux qui n’y voient qu’une exclusion de plus. Même la volonté d’évitement extrême des décès tel qu’il semble se manifester dans nos sociétés vis-à-vis de ces pandémies du 21° siècle, ne fait pas autant l’unanimité mondiale qu’elle ne le parait.
L’article plaide pour une écoute beaucoup plus grande de la société et de ses attentes réelles vis-à-vis de l’innovation, avec un partenariat social construit avec les responsables de l’introduction de ces nouveautés, médicales ou organisationnelles.
Thème attirant, mais un peu déçu du contenu