Mandl, K. D., & Manrai, A. K. (2019) Potential Excessive Testing at Scale: Biomarkers, Genomics, and Machine Learning, JAMA. 2019;321(8):739-740.
L’usage en dépistage des biomarqueurs agressifs tend à envahir toute la médecine avec l’assentiment des patients ; l’évolution porte à la fois sur la qualité et le nombre. Les critiques emploient ironiquement le mot “biomarkup.” en place de ‘biomarqueurs’ pour mieux pointer leur logique commerciale de marge bénéficiaire (markup=marge bénéficiaire). Les risques à cette profusion sont le surcoût, le sur-diagnostic et les traitements inutiles voire dangereux.
Ils pointent trois mécanismes à adopter pour limiter le phénomène : (1) limiter le seuil de pertinence du marker pour une recommandation de prescription (par exemple, les nouveaux biomarkers de cholestérol ont abaissé considérablement le seuil des patients éligibles aux statines et donc ouvert un marché considérable- +12,8 millions de nouveaux patients éligibles aux USA-, mais sans nécessaire bénéfice pour beaucoup de ces patients nouvellement inclus dans la recommandation) ; (2) lutter contre la complexité croissante des tests mis sur le marché, sans interprétation à la clé, particulièrement tests génétiques (30,000 patients testés par mois aux USA !). On sait aujourd’hui que ces tests sur-utilisés dans les populations à faible risque ont bien plus de risques d’engendrer de graves perturbations psychologiques, faux diagnostics, et traitements inutiles que de servir la santé. (3) faire plus contrôler par les autorités la mise sur le marché de nouveaux biomarkers et son accompagnement commercial, particulièrement des biomarkers non spécifiques (par exemple Merck, pour promouvoir son traitement contre l’ostéoporose (Fosamax), a développé aux USA un grand Institut bénévole de mesure de la densitométrie osseuse, invitant les patients à des tests gratuits… pour des traitements payants par la suite). Les big data et les logiciels pharmaceutiques utilisent ces nouvelles informations pour accélérer encore plus les ciblages, mais sans informations vraiment publiques et in fine les mises sur le marché, et le système s’emballent financièrement, sans grand bénéfice de santé publique.
doi:10.1001/jama.2019.0286
Mon avis : beaucoup d'exemples pertinents, un thème en devenir.