English M, Ogola M, Aluvaala J, Gicheha E, Irimu G, McKnight J, Vincent CA. First do no harm: practitioners' ability to 'diagnose' system weaknesses and improve safety is a critical initial step in improving care quality. Arch Dis Child. 2021 Apr;106(4):326-332.
Deux études ethnosociologiques ont été conduites récemment en Afrique dans des pays où le manque de personnel hospitalier est encore plus criant que chez nous. Ce travail décrit les acquis de ces travaux en discutant dans le détail les solutions simples et peu coûteuses que le management peut utiliser pour sécuriser les soins dans ces conditions difficiles. A noter que ce qui est vrai en Afrique, est aussi de plus en plus vrai chez nous. Les auteurs se concentrent sur des solutions immédiates, et pas sur la discussion forcément pertinente, mais à plus long terme du retour vers un tableau d’effectifs idéal. La question est aujourd’hui, ici et maintenant, avec le constat du personnel manquant ou faiblement qualifié, remplaçant, intérimaire : que puis-je faire de concret dans mon service pour limiter les risques pour les patients ?
Quatre stratégies sont très positivement associées à la sécurité du patient : (1) prioriser les soins, des plus critiques aux moins critiques par des briefings répétés dans l’équipe (2) gérer les risques globalement et particulièrement savoir reprogrammer les activités sur une plage de temps plus adéquate aux effectifs, quitte à repousser certaines actions sur une plage de deux ou trois rotations d’équipes, (3) garder pour tous une attitude d’interrogation et de surveillance des anomalies et bizarreries et intervenir immédiatement pour partager avec l’équipe ces évènements et les bloquer, (4) former les équipes et les managers à gérer ces situations de pénurie de personnels plutôt que d’en faire un tabou syndical et des autorités qui ne veulent pas l’aborder officiellement dans les formations de peur d’en ‘’ officialiser ’’ la réalité, mais qui de ce fait, laissent les ajustements s’exercer sans encadrement ni formation au gré des équipes, et au plus grand risque pour les patients. Chacune de ces stratégies est détaillée dans ses modalités de déploiement, les conditions limites d’utilisations et les niveaux d’alertes incontournables à connaître par toute l’équipe, et in fine le bénéfice attendu pour les patients. Un dernier point de cet article aborde le sujet encore plus tabou des standards universels de qualité et sécurité très ambitieux mais souvent inapplicables dans la réalité, standards qui organisent pourtant les formations officielles, y compris celles préconisées par l’OMS, mais sans pour autant qu’on imagine le besoin de formation pour la très grande majorité de situations non conformes.
Il faut arriver à sortir d'un tabou idiot : tous les services du monde sont en sous effectifs (ou presque) et cette situation n'est pas renseignée officiellement en matière de gestion des risques.