Porter, M. E. (2009). A strategy for health care reform—toward a value-based system. New England Journal of Medicine, 361(2), 109-112.
L’auteur part du constat de chaos du système de santé US, particulièrement en matière d’accès et de couverture maladie, et propose de changer les choses en adoptant une logique de valeurs d’assurance centrée sur le patient, en privilégiant ce qui s’avère de valeur ajoutée pour le patient. Une telle réforme ne pourra être atteinte qu’avec un système de couverture santé universel, et une restructuration profonde du système de soins.
Le manque d’accès aux soins des pauvres aux USA crée des inégalités majeures, qui détruisent toute logique d’un système basé sur la valeur ajoutée pour le patient. C’est aussi la raison pour laquelle les pays ayant cette couverture universelle dépensent finalement moins que les USA sur leur santé même si ces pays doivent aussi s’améliorer continuellement et revoir leur système de santé de plus en plus couteux.
Quelles sont les caractéristiques d’un système d’assurance centrée sur la valeur ? : 1) un tel système doit s’affranchir d’une compétition entre assureurs médicaux, et plutôt s’engager dans des plans de soins prouvés et à haute valeur, suivis dans le temps pour leurs résultats et optimisés. 2) on doit garder les employeurs, hôpitaux, et autres, associés au système d’assurance, et co-responsables de la santé de leurs employés ; 3) on doit permettre aux citoyens qui n’ont pas de prise en charge partielle par leur employeur des soins, d’avoir les mêmes avantages et accès, 4) on doit partager le risque assurantiel entre patients, 5) on doit permettre aux plus pauvres des citoyens d’accéder à des prestations d’assurance correcte, notamment avec une participation accrue des employeurs, et (6) on doit restructurer le système de soins de sorte à ne garder que ce qui a une vraie valeur ajoutée pour le patient, ce qui est loin d’être le cas actuellement.
Pour atteindre ces objectifs, il est aussi essentiel de basculer vers une logique de résultats. Ces résultats doivent être compris sur un parcours complet, et pas pour chaque intervention isolée. Ils sont forcément multidimensionnels, incluant certes des données comme la survie/mortalité, mais aussi le niveau de récupération, le temps nécessaire à cette récupération, l’inconfort lié aux soins, et la valeur sur le long terme de la récupération. Dans ce contexte, la mesure de l’écart aux protocoles est finalement bien moins important que la valeur obtenue en termes de résultats.
On doit aussi reconsidérer la façon de délivrer les soins, miser sur la prévention, réorganiser les soins pour réduire les trous dans les parcours, les mauvaises coordinations, les visites et examens répétés et inutiles, en bref établir le cadre d’une médecine réellement intégrée. Les remboursements doivent être guidés par la valeur ajoutée.
On peut espérer que les offreurs de soins se feront compétition sur ces critères de valeur ajoutée, et que les dossiers médicaux électroniques serviront le processus.
Enfin, les patients doivent devenir beaucoup plus partenaires de leur soin et santé.
Reste à forcer les résistances très fortes du système.
Mon avis : article historique sur la réforme à entreprendre pour basculer vers une analyse de la valeur en santé et une nouvelle couverture maladie.