Degos, L., Amalberti, R., Bacou, J., Bruneau, C. Carlet., J., The frontiers of patient safety : breaking the traditional mold, British Medical Journal 2009;338:b2585
La sécurité du patient progresse peu à l’échelon des nations.
Mais à y regarder de plus près, cela n’est guère surprenant ; l’article montre que les efforts actuels se déploient presque exclusivement à l’hôpital, sont centrés sur les affections aigues, et souvent uniquement sur les problèmes les plus médiatiques (erreur de côté ou de patient par exemple). Les actions privilégient la multiplication de procédures sans vérification de leurs effets sur le patient ; enfin, pour ajouter à ce tableau assez critique, les professionnels voient souvent dans la gestion des risques par la Qualité et la Sécurité des soins un frein à l’utilisation de l’innovation dont ils croient pourtant souvent plus aux capacités d’amélioration à terme pour le patient.
Des pans entiers de la médecine sont négligés dans le périmètre actuel de la sécurité du patient. Les efforts laissent ainsi dans l’ombre la très grande majorité des sources du risque médical à l’échelon de la nation: inégalités sociales, accès difficile au bon médecin au bon moment, petites erreurs accumulées dans la prise en charge coordonnée des affections de longue durée en soins primaires. L’article suggère de reconsidérer le périmètre de la sécurité du patient et d’inclure toutes ces sources du risque. Il suggère plusieurs pistes méthodologiques pour ce faire, notamment d’utiliser de nouveaux indicateurs disponibles sur ces risques, par exemple celui portant sur le risque de décès précoce dans les affectations de longue durée (amenable mortality) lié à une succession de soins inappropriés, chacun n’étant pas déterminant par lui-même dans la cause du décès.
Un jugement forcément subjectif (co-auteur) mais tout de même un article de rupture sur l’évolution de la prise en compte du risque. Une idée de plus en plus reconnue au niveau international comme largement soutenue et initiée par la HAS.