Amalberti R., Bruneau C., Degos, L. Viewing the safety imperative from the French policy perspective, Qual Saf Health Care 2009;18:420-421
Les auteurs partent du constat que la sécurité du patient n’a pas eu la même actualité en France que dans les pays Anglo-Saxons sans doute parce que la satisfaction globale des usagers français sur leur système de santé est supérieure à celle de nos collègues d’outre-manche et outre-Atlantique et sans doute aussi en raison d’une série de dispositifs légaux très favorables aux patients (ONIAM, etc.). Ceci dit, les quelques publications disponibles, et les enquêtes ENEIS 1 et bientôt ENEIS 2 ne semblent pas montrer un risque d’EIG bien différent des pays anglo-saxons, ni une réduction de ce risque plus rapide au cours du temps.
La France a réagi. Elle s’est rapprochée de la communauté internationale sur ce thème ; elle a pris la direction du réseau Européen EuNetPAs et rejoint plusieurs initiatives internationales (High5) et Européennes sur le sujet (SIMPATIE, MARQUIS, DUQUE). Progressivement, la France adopte les mêmes stratégies recommandées à ce niveau international ; le dernier exemple est l’adoption des Check-List au bloc opératoire. Les idées de changer les cultures, de promouvoir la transparence (déclaration des EIG/EPR), de réaliser une approche plus collective, de mieux prendre en compte le risque dans le parcours Ville-Hôpital du patient (loi 2009), et de former nos futurs professionnels sont déjà présentes et en cours de diffusion. Il reste trois idées complémentaires que les auteurs considèrent essentielles pour réellement faire bouger les lignes actuelles :
- sortir d’une logique de ‘champions’ avec des solutions idéales mais inexportables à tous les établissements (raisonner en santé publique)
- sortir d’une analyse des évènements indésirables qui considèrerait seulement une fenêtre étroite de causalité dans une discipline donnée (tous les risques doivent se lire dans une logique très élargie du parcours du patient, avant et après l’évènement, l’interaction entre les professionnels et le patient et leur coordination mutuelle est souvent bien plus stratégique à corriger que le silo médical du dernier professionnel qui a vu le patient)
- et enfin, apprendre à construire des recommandations qui prennent effectivement en compte les difficultés de terrain des professionnels de santé et des patients.
Un des rares articles publiés à l’international avec celui du BMJ précisant la position de la France sur Qualité et Sécurité des soins.