Resneck, J. S. (2020). Refocusing Medication Prior Authorization on Its Intended Purpose. JAMA, 323(8), 703-704.
La délivrance de médicaments sous condition d’autorisation préalable (du payeur, l’assurance médicale, Medicaid-Medicare aux US) a été introduite aux USA dans les années 80 pour des médicaments très onéreux pour lesquels les assureurs voulaient s’assurer du bien-fondé de l’indication et de la non-existence de traitements alternatifs aussi efficaces et moins chers. Ce type de procédure a été étendue progressivement à bon nombres d’autres traitements, au point qu’elles concernent maintenant 24 % des prescriptions relevant de la classe D de Medicare, la plus onéreuse avec les dernières innovations en matière d’antidépresseurs, antipsychotiques, antidiabétiques, immunothérapies, et une grande partie des chimiothérapies. Les médecins qui veulent prescrire ces traitements sont contraints à de longues procédures administratives, qu’il existe ou pas d’alternatives connues.
Une enquête de 2018 sur les pratiques de 1000 médecins concernés montre qu’ils réalisent en moyenne 31 demandes par semaine, soit plus de 15 heures de travail dédié. En 2018, sur les 8,1 millions de demandes d’autorisations faites aux US, 35 % ont été rejetées dont 73 % de ces rejets retraités en appel n’apparaissant pas justifiés. Dans un nombre de cas non négligeables, ce sont les pharmaciens qui expliquent aux patients qu’ils ne peuvent pas leur délivrer le médicament, sauf à retourner voir leur médecin pour entamer le dossier d’autorisation.
Inutile de dire que patients et docteurs se plaignent amèrement du système. Le résultat n’a pas prouvé faire des économies, car les pathologies sont moins bien contrôlées, et finissent par être traitées à plus grand coût encore que ce que l’on voulait éviter.
Derrière ces questions se pose, particulièrement aux USA, la question du business pharmaceutique et des pratiques de ventes laissées libres sans aucune régulation. Ceci explique d’ailleurs cela, et notamment le fait que les USA ont de loin le budget santé le plus élevé du monde (nda : pour un résultat par ailleurs extrêmement médiocre de santé publique).
Des efforts sont actuellement réalisés par Medicare-Medicaid pour réduire la lourdeur administrative de l’autorisation (c’est l’initiative « Patients Over Paperwork »). Trois actions sont lancées :
(1) supprimer l’autorisation pour tous les cas où on sait qu’il n’existe pas d’alternative sur le marché de même efficience,
(2) éviter les interruptions de traitement en lien avec l’autorisation,
(3) mieux expliquer, mieux justifier, être plus transparent sur le système et les raisons quant aux refus d’autorisation.
Un très bon article qui confirme que les solutions de contrôle des coûts en santé génèrent un cortège d'effets secondaires souvent pire que le bénéfice escompté au départ.