Cohidon, C., Wild, P., & Senn, N. (2020). Job stress among GPs: associations with practice organisation in 11 high-income countries. British Journal of General Practice, 70(698), e657-e667.
Le travail propose une étude transversale internationale entre 11 pays occidentaux menée dans la cadre du Commonwealth Fund International Health Policy Survey of Primary Care Physicians. Les pays participants sont Australie, Canada, France, Allemagne, Pays bas, Nouvelle Zélande, Norvège, Suède, Suisse, Royaume Uni, et USA.
Les médecins généralistes en exercice ont été tirés au sort sur la base des listes gouvernementales ou privées de chaque pays (N = 12 049). Le stress au travail a été mesuré par la question : « Dans quelle mesure votre travail en tant que médecin généraliste est-il stressant? » (Échelle de Likert en 5 points). De nombreuses caractéristiques d'organisation et de fonctionnement des pratiques ont fait l’objet de questions complémentaires.
La prévalence du stress au travail varie de 18 % à 59 % selon les pays. Le stress au travail est plus élevé chez les généralistes âgés de 45 à 54 ans (âge moyen) (OR) 1,35, intervalle de confiance à 95 % [IC] = 1,07 à 1,70) et ceux exerçant en zone urbaine (OR 1,23, IC à 95 % = 1,15 à 1,31). Elle est également associée à une charge de travail hebdomadaire élevée supérieure à 50 heures / semaine (OR 2,88, IC à 95 % = 2,38 à 3,50), une pression administrative qui dépasse 10 % du temps de travail (OR 1,65, IC à 95 % = 1,44 à 1,89), de longs délais pour obtenir des informations à leur sortie des patients de l’hôpital, une difficulté à offrir des rendez-vous le jour même (OR 1,74, IC à 95 % = 1,18 à 2,56) et le fait d’être suivi dans l’institution de travail par des objectifs de rendement et des indicateurs (OR 1,15, IC à 95 % = 1,05 à 1,24).
Inversement, les longues consultations (OR 0,64, IC à 95 % = 0,53 à 0,76) et le travail dans un cabinet de groupe où exerce un ‘case manager’, un collègue disponible pour orienter et discuter des patients difficiles, étaient associés à un moindre stress au travail. La grande majorité des résultats sont comparables dans tous les pays.
Les résultats français sont globalement dans la moyenne des 10 autres pays sauf en ce qui concerne une sensibilité importante au stress des jeunes médecins français VS un maximum chez les médecins plus âgés des autres pays et sur la durée de consultation (moins sensible que dans les autres pays).
En conclusion, les lourdes charges de travail et la pression temporelle sont clairement associées au stress au travail des généralistes. Mais on voit aussi comment l’influence positive des changements organisationnels tels que l'emploi de ‘case manager’ dans le cabinet de groupe, et l'autorisation de consultations plus longues pourraient réduire ce fardeau.
Un article utile au Benchmark sur ce sujet du burnout, avec nos spécificités françaises