La sécurité des patients continue d’être un sujet de préoccupation important pour les organisations de santé. Un rapport annuel du cabinet de recherche ECRI Institute identifie plusieurs domaines dans lesquels une amélioration est possible.
L’ECRI Institute (Emergency Care Research Institute), est un des plus gros instituts américains indépendant de l’industrie, proche du gouvernement et spécialisé sur la qualité et santé, le coût efficacité des soins, et la santé.
Dans un rapport récent (voir référence fin d’article) l’institut pointe 10 domaines de risques persistants.
Lorsque les diagnostics et les résultats des tests ne sont pas correctement communiqués ou suivis, il existe un risque potentiel de préjudice grave pour le patient ou de décès. Les fournisseurs ont commencé à utiliser les systèmes de DMP pour faciliter l’aide à la décision clinique, suivre les résultats des tests et signaler les problèmes.
Mais la technologie n’est qu’un outil, la connectivité entre laboratoire et DMP reste très incomplète et il n’existe actuellement aucun algorithme permettant d’identifier tous les éléments clés et de les analyser pour vous donner une aide au diagnostic correct.
La résistance aux antibiotiques s'aggrave. À mesure que la résistance aux antibiotiques augmente, les options de traitement deviennent limitées.
Le défi le plus important pour une meilleure gestion des antibiotiques est sans doute paradoxalement de modifier les attentes des patients par de l’information adaptée : les patients s'attendent à ce qu'un antibiotique les aide à aller mieux et font trop pression aux prescriptions pour sécuriser sereinement le domaine.
L'épuisement professionnel touche de nombreux cliniciens, y compris des médecins, des infirmières, des prestataires de soins de santé et des dirigeants d'organisations.
Les études montrent que l’épuisement professionnel a une relation négative constante avec la sécurité et la qualité des soins. Les dossiers de santé électroniques actuellement utilisés pèsent de plus en plus sur les professionnels de santé et sont une source croissante d’épuisement, par le fait du nombre exponentiels de messages d’alertes non filtrés et à traiter.
Les risques de la technologie de santé mobile incluent le manque de réglementation des nouvelles technologies, la difficulté de garantir que les prestataires reçoivent correctement les données collectées et le fait que de nombreux patients n'utilisent pas la technologie correctement ou ne l'utilise pas du tout. De nombreux appareils sont mis sur le marché sans vraiment de test.
Il incombe donc aux fournisseurs d’assurer la sécurité et la validité de tout appareil qu’ils recommandent à un patient et d’être certain que celui-ci fonctionnera lorsque le patient quittera l’établissement de santé.
Les professionnels ont souvent peur d’ouvrir des discussions approfondies avec le patient sur ses comportements en redoutant de ne pas en savoir assez sur lui et/ou de s’exposer à des réactions excessives (hygiène de vie, tabac, addictions, sexe, et plus difficile encore violence, attitudes sociales marginales).
Cette crainte peut amener les professionnels à ne pas répondre aux besoins des patients, voire à aggraver les situations, avec des conséquences pour les patients et le personnel. Dans de nombreux établissements de santé, la santé comportementale et physique reste cloisonnée, sauf en cas de force majeure et de crise.
Le fait de ne pas détecter à temps les changements dans l’état du patient est un problème permanent pour la sécurité du patient (vaste sujet du thème ‘failure to rescue’).
Les problèmes peuvent survenir dans une unité de soins et encore plus au cours de la transition des soins dans un établissement ou d’un établissement à l’autre. Les professionnels ne sont pas toujours suffisamment formés pour reconnaître les changements survenus dans l’état du patient ou pour réagir à une alarme.
Les patients peuvent être blessés si le personnel n'est pas à l'aise avec l'utilisation d'un équipement médical ou lors d'une procédure ou s'il n'est pas habitué aux processus d'une organisation ou d'un domaine de soins.
On note des manques de compétences tant en matière de technique, de méthode que de processus collectifs d’usage dans le temps des équipements. La formation par simulation reproduit des scénarios réels et offre aux professionnels de la santé une occasion idéale de mettre en pratique ces compétences.
Le sepsis peut être difficile à détecter, mais une détection précoce est essentielle. Tout doit être mis en place pour rechercher les premiers signes.
Les cathéters intraveineux périphériques (PIV) sont généralement insérés lors de l'admission au cas où le patient en aurait besoin ultérieurement. Mais ils restent souvent inutilement longtemps, or le risque infectieux est proportionnel au temps.
C’est un risque important d'infections, mais il reste un risque sous-déclaré, sous-reconnu et souvent ignoré, explique Davis : « Chaque fois que vous brisez la peau, vous détruisez la première ligne de défense du corps contre les infections ». Sur ce sujet, les professionnels de santé surestiment généralement leur sécurité « Le personnel doit respecter l’installation de ce cathéter afin de le traiter avec le même respect que s’il était en train de pratiquer une incision. »
Les organisations de soins de santé sont en train de devenir des énormes systèmes, en transformations permanentes.
La façon dont les organisations internes se (re)structurent pour répondre aux besoins de performance devient un point clé de cette sécurité du patient, bien plus important que la simple analyse isolée des risques liés à l’introduction des innovations technologiques.
Or ces innovations organisationnelles adaptatives sont peu normées et restent trop souvent le fait des initiatives locales. Les leçons des échecs et succès des uns et des autres sont mal partagées. Une normalisation plus grande de ces adaptations organisationnelles est à l’évidence souhaitable.