Un chien mâle de race Epagneul tibétain, âgé de 8 ans, est amené au cabinet vétérinaire un samedi après-midi, au motif que, de façon subite, immédiatement après une chute, il se tient et marche anormalement. Le praticien identifie une parésie du train postérieur.
Un diagnostic de compression médullaire est établi, avec suspicion de hernie discale.
Le praticien note en effet une douleur en région thoraco-lombaire, une diminution de la proprioception bilatérale, avec une motricité volontaire conservée et une motricité du sphincter anal normale.
Aucun examen radiographique n’est pratiqué à ce stade.
Selon le praticien, les évolutions possibles du tableau clinique ainsi que les différentes stratégies thérapeutiques ont été décrites en vue d’une prise de décision immédiate. La possibilité d’avoir à référer l’animal pour une chirurgie de décompression médullaire est évoquée, ainsi que les coûts qu’elle impliquerait.
En accord avec les propriétaires, un traitement conservateur et anti-inflammatoire est mis en place : repos strict et administration de prednisolone 2mg/kg.
Cependant aucun suivi rapproché (pas de contrôle prévu dans les heures suivantes) n’est prescrit, aucun rendez-vous à bref délai n’est fixé. Au contraire, un rendez-vous est fixé 12 jours plus tard. Les écrits sont sommaires.
Au sein de l’établissement de soins vétérinaires, la communication interne, par son insuffisance, n’a pas permis au praticien associé de prendre un relais efficace, notamment lors d’un appel téléphonique des propriétaires le lundi suivant, c’est-à-dire deux jours plus tard.
Déçus du manque d’intérêt et de suivi au sein de ce cabinet vétérinaire, les propriétaires prennent des rendez-vous chez d’autres professionnels, le chien est notamment examiné le jeudi suivant par un ostéopathe qui refuse de le manipuler devant l’importance de la paraplégie constatée.
Le même jour (jeudi) un autre vétérinaire est alors consulté qui réfère immédiatement à un établissement hospitalier pratiquant la chirurgie rachidienne de décompression médullaire.
L’intervention est pratiquée le lendemain, soit le vendredi, c’est-à-dire six jours après la consultation initiale. Toutes réserves sont faites, compte tenu du délai écoulé entre le début de la compression médullaire et l’acte chirurgical.
Une certaine récupération fonctionnelle intervient très lentement. Des séances d’hydrothérapie seront pratiquées. Toutefois, six mois plus tard l’animal n’a pas vraiment retrouvé sa mobilité initiale ; il se déplace sur ses quatre membres mais subsiste une légère parésie des membres postérieurs.
La question est de savoir si une décompression mécanique précoce aurait pu ou non permettre une meilleure récupération. La perte de chance apparaît cependant patente.
L’événement indésirable au cours des soins est ici constitué par l’absence de suivi médical de cet animal dans une phase précoce particulièrement critique et hautement décisive.
Le praticien et les propriétaires s’en sont rejeté la responsabilité mais celle du praticien a été reconnue et retenue.
Indépendamment de toute question de responsabilité, en termes de qualité et sécurité des soins, il a manqué un diagnostic précis précoce dont toutes les conséquences possibles auraient été tirées et surtout il y a eu rupture dans le processus de suivi précoce de l’évolution du cas, au moment où un choix s’imposait entre un unique traitement médical conservateur et la décompression chirurgicale.
Le déficit dans l’information donnée aux propriétaires de l’animal et dans la qualité de relation partenariale établie avec eux peut également être considérée comme constitutive de l’événement indésirable.
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