En pleine pandémie de COVID-19, au moment d’une crise sanitaire mondiale majeure, nous prenons le risque de publier ici un cas clinique qui peut paraître "dérisoire", une façon paradoxale de montrer l’importance toute relative de certaines activités humaines liées aux nouveaux animaux de compagnie.
Le propriétaire d’un perroquet Gris du Gabon âgé de quatre ans a sollicité à plusieurs reprises son vétérinaire habituel pour qu’il raccourcisse, en la coupant, l’extrémité du bec de son perroquet.
Celui-ci lui a expliqué qu’il n’avait pas l’expérience de ce type d’intervention et lui a conseillé de s’adresser à un confrère spécialisé et expérimenté dans ce type d’intervention sur NAC (nouveaux animaux de compagnie) mais davantage éloigné du domicile du demandeur.
Sur insistance du propriétaire qui ne voulait pas se déplacer plus loin, le vétérinaire a accepté de prendre toutes informations et recommandations auprès de son confrère spécialisé et de réaliser lui-même l’intervention.
Le propriétaire ne s’est pas déplacé pour accompagner son oiseau, il a envoyé sa mère l’amener à la clinique le jour de l’intervention.
Sur ce perroquet agressif, l’intervention a été effectuée sous anesthésie générale brève et le parage a été pratiqué avec une petite meuleuse rotative (limage, ponçage et non section).
Le jour même, le propriétaire a contesté la correction apportée, la trouvant asymétrique, considérant qu’elle "défigurait" son perroquet. Il a de surcroît contesté la nécessité d’une anesthésie. Il a reproché l’agressivité de l’animal les jours suivants, induite selon lui par l’intervention. Un recours en responsabilité civile professionnelle (RCP) a été diligenté ; le demandeur a été éconduit dans le cadre d’une procédure amiable qui n’a été suivie d’aucune autre procédure.
L’événement considéré ici est incontestablement un événement indésirable associé aux soins pratiqués par le vétérinaire. En effet il a indubitablement été considéré comme indésirable tant par le propriétaire que par voie de conséquence par le vétérinaire mis en cause.
Pour autant, il ne saurait être considéré comme grave pour l’animal traité, n’ayant provoqué aucune atteinte objective manifeste de son bien-être, selon les cinq libertés(*) héritées du rapport Brambell et du Farm Animal Welfare Council (FAWC) et reconnues par l’OIE(1) et l’ANSES(2).
Plus que de gravité mineure, il est cependant de gravité significative par les conséquences engendrées, démesurées par rapport à un reproche invoqué essentiellement esthétique, manifestement subjectif ici, qui peut de toute manière être corrigé et qui, de surcroît, est réversible vu la croissance continue de la partie cornée du bec d’un oiseau.
Ce matériel est réservé à un usage privé ou d’enseignement. Il reste la propriété de la Prévention Médicale et ne peut en aucun cas faire l’objet d’une transaction commerciale.
(*) En savoir plus :
> Le bien-être animal selon l’OIE
> Le bien-être animal par CIWF
> Centre hospitalier vétérinaire Fregis
> Doctissimo animaux
> CAJV
> Perroquet-royal.com
(1) OIE : Organisation mondiale de la santé animale (autrefois Organisation Internationale des Epizooties).
(2) ANSES : Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail.