Mme X., 88 ans, est hospitalisée dans un service de chirurgie orthopédique. Elle a été orientée dans ce secteur à partir des urgences dans les suites d’une chute à son domicile.
La patiente est tombée de sa hauteur. Le bilan radiographique met en évidence une fracture du tiers supérieur de l’humérus droit très peu déplacée...
Il s’agit dans le cas présent d’un Evènement Indésirable Grave (EIG).
Elles sont nombreuses et souvent graves :
- chute du lit trop haut : traumatisme psychologique,
- les souffrances endurées,
- fracture de l’humérus droit déplacée indiquant une intervention chirurgicale,
- fracture per trochantérienne indiquant une seconde intervention chirurgicale,
- une morbidité augmentée
- une hospitalisation de 8 jours au lieu de 24 heures,
- gestion d’une réclamation des enfants de cette patiente,
- dégradation potentielle de l’image de l’établissement.
La déclaration de cet Evénement Indésirable (EI) à la Cellule d’Analyse et de Maîtrise des Risques de l’établissement a généré une analyse systémique de cette situation.
La méthode ALARM, recommandée par la Haute Autorité de Santé, est retenue.
Panne d’un Dispositif Médical non identifiée.
- Seules les barrières d’atténuation ont fonctionné : la mobilisation de renfort pour recoucher la patiente est positive, la mobilisation des équipes médicales également.
- Les examens cliniques et paracliniques ont été réalisés rapidement pour permettre un diagnostic rapide.
- Les barrières de prévention mises en place par l’équipe soignante en charge de la patiente se sont révélées insuffisantes (consignes données à la patiente et veilleuse allumée). La hauteur du lit n’a pas permis à la malade un lever sécurisé.
- Le signalement du dysfonctionnement n’a pas été réalisé par l’équipe de jour, ce qui aurait pu générer la fermeture administrative du lit en attendant sa réparation.
- Le signalement du dysfonctionnement par l’équipe de nuit également. La pénurie de lits dans la structure, du fait des flux patients, a influencé l’instauration de ce mode dégradé.
- Le médecin Urgentiste et le cadre de nuit n’ont pas été avertis de cette problématique. La décision n’a donc pas été partagée.
L’analyse de cette situation a conduit les professionnels à réfléchir sur les points suivants :
Cet Evénement Indésirable est à classer dans la catégorie des EIG.
Son analyse montre qu’il peut également être classé dans la catégorie des EIG évitables, avec ces lourdes conséquences pour cette patiente.
Les études d’impacts des décisions prises ont été partielles dans ce dossier. Les arbitrages financiers et organisationnels sont toujours délicats à réaliser. Cette dynamique nécessaire à la survie des établissements de santé doit être « patient centré » si on souhaite augmenter le niveau de sécurité des malades accueillis dans les structures de soins.
Enfin, il convient de recommander de ne jamais utiliser tout équipement qui dysfonctionne, même sur ce qui est considéré comme négligeable. Un équipement, qui n’a pas un fonctionnement conforme, est potentiellement dangereux, et donc à risque pour le patient, mais également pour la structure de soins.