Monsieur D., 65 ans, est opéré d’un anévrisme de l’aorte abdominale. Ce dernier a été découvert fortuitement, lors de la réalisation d’une échographie abdominale dans le cadre d’un bilan pour lithiases urinaires dans les suites d’une crise de coliques néphrétiques.
Le pronostic vital du patient n’a pas été engagé, mais on peut déplorer :
- un séjour en soins intensifs non programmé,
- une prolongation de son hospitalisation de 24 heures en lien direct avec l’accident,
- un patient qui est passé par une période de stress qu’il a jugé inutile au vu des informations médicales qu’il avait transmises aux professionnels de santé.
L’équipe médico-chirurgicale a déclaré cet Evénement Indésirable Grave à la Cellule d’Analyse et de Maîtrise des Risques de l’établissement. Cette déclaration a généré une analyse de cette situation clinique.
La méthode ALARM, recommandée par la Haute Autorité de Santé, est retenue.
Erreur médicamenteuse : non prise en compte d’une allergie connue à la pénicilline, provoquant un choc anaphylactique de grade II. Les mesures conservatoires mises en œuvre ont solutionné l’accident
C’est la plainte du patient qui a déclenché la mise en œuvre des mesures conservatoires.
Questionnaire contenant les données médico-administratives du patient, mal renseigné par l’IDE à l’entrée.
Observation médicale réalisée par l’interne incomplète.
Pas d’interrogatoire du patient sur son statut allergique par l’interne lors de la prescription de l’antibiothérapie.
Pas d’interrogation du patient par l’IDE sur son statut allergique avant l’administration de la 1ère dose de principe actif.
Pas d’évaluation de la charge de travail au sein de cet Etablissement de Santé qui pourrait permettre de moduler les effectifs (en plus ou en moins).
Pas d’interface entre certains modules composant le dossier patient informatisé, ne permettant pas le transfert de données d’un module à l’autre pour un même pavé d’informations.
L’analyse de cette situation a conduit les professionnels à réfléchir sur les points suivants :
- réfléchir sur l’élaboration d’un outil d’évaluation de la charge de travail pour permettre la bonne adéquation des effectifs pour une meilleure sécurité des prises en charge,
- rappeler les fondamentaux concernant le recueil de données saisies dans le dossier patient pour une meilleure exhaustivité,
- rappeler les fondamentaux avant toute prescription,
- rappeler les fondamentaux avant toute administration de médicament,
- rappeler que tout soin doit être expliqué à chaque patient avant toute prescription, toute administration,
- évaluer la faisabilité du développement d’une interface entre dossier patient « mère » et dossier anesthésie, et/ou son achat.
Peu de conséquences pour ce patient qui a bénéficié d’une intervention lourde.
L’analyse de ce cas clinique montre que plusieurs erreurs humaines sont à l’origine de cette erreur médicamenteuse, ainsi qu’une anomalie du système d’information.
Le modèle de James REASON peut là encore illustrer cette problématique ; plusieurs barrières de prévention ont été défectueuses, générant cet Evénement Indésirable Grave.
L’aspect « charge de travail » doit être pris en compte également pour construire des schémas d’organisation en ressources humaines sécure pour les patients.