Un homme accueilli au service d'Urgences pour une douleur abdominale aiguë se voit prescrire un traitement antalgique précisant la mise en place d'une PCA. L'urgentiste sera rappelé quelques heures plus tard pour un surdosage en morphine.
Mr Z. est accueilli au service d’Urgences, pour une douleur abdominale aiguë, évaluée à 8/10 sur l’échelle numérique, et pour laquelle un traitement antalgique a été prescrit. Le tableau clinique et paraclinique n’indique aucune prise en charge chirurgicale immédiate, et une surveillance est retenue pour évaluer son évolution.
Le traitement antalgique précise les éléments suivants :
Dans le déroulé de la prise en charge de ce patient, la titration et la mise en place de la PCA sont réalisées aux Urgences, puis le patient est transféré dans un secteur d’hospitalisation vers 21h00.
L’urgentiste est rappelé plusieurs heures après par l’infirmière des étages pour ce patient, pour un surdosage en morphine.
A son arrivée dans le service, l’urgentiste constate, après examen du patient, une somnolence cotée 2+, avec un patient difficilement réveillable (échelle de sédation OMS), une douleur cotée à 4 (échelle numérique), et l’administration en 4 heures de près de 80 mg de morphine.
Cette erreur d’administration n’a pas eu de conséquence pour le patient.
L’urgentiste signale cet incident sur le logiciel de déclaration des événements indésirables institutionnels.
Le Gestionnaire de Risques procède à une analyse de la situation pour comprendre la genèse de cet événement.
La méthode ALARM, recommandée par la Haute Autorité de Santé, est retenue.
Erreur de dose
Facteurs de la grille ALARM | Eléments de contexte - Causes identifiées |
Facteurs liés au patient |
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Facteurs liés aux tâches à accomplir |
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Facteurs liés à l'individu (personnel de la structure) |
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Facteurs liés à l'équipe |
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Facteurs liés à l'environnement de travail |
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Facteur humain |
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Facteurs liés à l'organisation et au management |
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Facteurs liés au contexte institutionnel |
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Le remplacement des acteurs de santé absents reste une vraie problématique, surtout les dimanches. De plus, pour ce service (urgences), l’expérience pour ce secteur est indispensable, ce qui complique considérablement la gestion des ressources humaines. Un effort devra être fait sur un recrutement de personnel vacataire et/ou intérimaire avec le bon retour d’expérience.
Au niveau des secteurs d’hospitalisation, la composition retenue d’une équipe la nuit, pour 30 patient(e)s et plus, est de 1 infirmière et 2 aides soignantes. Suite à cet incident, et au vu de la charge de travail plus importante que d’autres services, la composition a été revue à 2 infirmières et une aide soignante. La mutualisation semble plus aisée dans cette configuration. Une analyse à 6 mois a démontré que cette adéquation était meilleure.
Une réflexion d’équipe s’est également engagée sur les incidents potentiels générés par une interruption de tâche lors la réalisation d’un soin. Une sensibilisation de tous les acteurs est réalisée : chaque fois que possible, ne pas interrompre son collègue. En cas d’interruption utiliser la « minute d’arrêt ».
Le temps des transmissions et de prise de service doit être respecté chaque fois que possible. Il s’agit souvent de respect et bon sens dans un exercice professionnel souvent difficile.
Sur la réalisation et rédaction des procédures : la procédure doit être testée avant toute validation. De plus, dans la phase test qui doit toucher un échantillonnage conséquent d’acteurs, il faudra s’assurer que chaque terme ne suscite pas l’interprétation. A la lumière de cet incident, on peut réaffirmer les difficultés pour ce qui concerne la rédaction d’une procédure.
Un temps de formation lors de l’installation d’un nouveau matériel et/ou équipement est obligatoire au vu des règles s’appliquant à la matériovigilance. Après un temps d’utilisation, il est apparu nécessaire de faire une évaluation sur les points de compréhension acquis et les points qui nécessitent une clarification. Une formation par simulation de type « procédure training » pourrait être envisagée
Enfin, la décision a été prise d’accélérer le remplacement du matériel ancien par un parc de matériel homogène, pour ne pas multiplier les modes opératoires, source d’erreurs.
Après l’analyse de cet incident, qui est resté sans conséquence pour le patient, il apparaît que c’est l’addition d’un nombre important de dysfonctionnements qui a généré ce presqu’accident (cf. diagramme de REASON).
Le non respect de certaines règles de bonnes pratiques a une répercussion sur l’ensemble d’un système. Toute modification d’organisation doit faire l’objet d’une mesure impacts potentiels connus. Car tous les risques ne sont pas prévisibles. Il convient donc d’être rigoureux pour ne pas additionner les vulnérabilités.
L’approche systémique dans la construction d’une organisation est primordiale.