Catchpole K., Russ S. The problem with checklists BMJ Qual Saf 2015;24:545–549.
Depuis l’arrivée bruyante et célébrée des CL opératoires et sur les cathéters, portées par les travaux de Gawande et Pronovost, les applications n’ont cessé de se multiplier. Il est temps de se poser quelques questions simples.
D’abord l’histoire car il ne faut pas oublier que dans l’aviation, on a souvent des CL qui permettent (par une action ‘simple’) de parer à des défauts de conceptions complexes et rédhibitoires qu’on ne sait pas fixer. C’est souvent aussi le cas en médecine.
Ensuite, l’ampleur diffère. La totalité des CL de l’airbus A319 tient sur un 4 pages A4 (13 CL pour les situations normales et anormales), avec dans chaque CL entre 2 et 17 items à vérifier, chacun n’étant décrit que par quelques mots pour être vite compris et dits (3 en moyenne), et évidemment aucune signature requise… rien à voir avec les CL en santé. La CL de prévention des infections sur cathéters centraux contient 18 items, aucun de moins de 4 mots (mais certains de 22), et concernent des tâches qui ne sont pas à faire immédiatement ou dans les minutes ou heures suivantes et qui ne sont pas vérifiables au sens aviation (par exemple ‘encourager le staff’ à déclarer des anomalies). La CL chirurgicale contient 21 items, avec entre 3 et 16 mots par tâche, et mobilise plusieurs personnes. Par ailleurs, on a voulu se servir de la CL en santé pour améliorer en général le travail en équipe et la communication (une sorte de cheval de Troie), ce qui n’est pas le but des CL, qui restent très pragmatiques, immédiates en effet et centrées sur la sécurité du procédé.
Au final, on croit que la CL améliore la sécurité, la communication, le travail en équipe, et plus encore. Mais dans les faits, en dehors de biais méthodologiques évidents du type effet Hawthorn quand on met une équipe en avant pour sa CL, on se demande ce qui est le résultat le plus important poursuivi par l’introduction de ces multiples CL : vérifier réellement des items à haut risque (ce qui est finalement rarement le cas car on finit par rajouter plein d’items peu importants ou déjà vérifiés de façon certaine), ou juste un prétexte pour faire parler entre eux des gens qui n’en ont pas l’habitude. Pas étonnant que les résultats, d’une sorte ou de l’autre, ne soient pas au rdv.
Mon avis : une bonne analyse critique