Une revue de question qui montre une association de la check-list avec l’amélioration de la sécurité du patient (…mais attention, association ne veut pas dire cause).
Le taux de complications chirurgicales représente 3 à 17% dans toutes les études réalisées dans les pays occidentaux.
L’article propose une revue de questions extensive de tous les articles publiés de 2000 à 2012 pour apprécier les effets concrets de la check-list (WHO et SURPASS) sur la réduction des taux de complications.
33 études ont été retenues, avec dans pratiquement toutes les études, une réduction des complications et une meilleure détection des problèmes.
Evidemment, les études qui présentent des résultats positifs ne sont pas exemptes de biais, notamment :
(1) le fait que la check-list s’attaque à la réduction de problèmes rares (mauvais patient, mauvais site) dont la fréquence ne dépasse pas 1 pour 10.000 (voir 100.000) et pour lesquels l’évaluation objective de la sécurité demande beaucoup de recul temporel mesuré en années (ce qui n’est que rarement le cas des études);
(2) et peut être plus important encore, le fait que l’interprétation du gain s’appuie exclusivement sur des corrélations temporelles entre utilisation de la check-list et baisse des complications avec toutes les limites de l’approche; en clair, association ne veut pas dire causalité; souvent de nombreuses autres actions ont été conduites en parallèle, constituant autant d’autres causalités de l’amélioration possible ; par exemple, on sait que la sécurité médicale s’améliore globalement et lentement parce que les techniques changent, les règlements sont plus coercitifs, etc. N’importe quelle action ajoutée à ce tableau de fond sera en corrélation positive, puisque la sécurité s’améliore continuellement avec ou sans cette action. Reste donc à prouver un effet différentiel, un effet catalyseur, accélérateur d’un phénomène déjà installé, et il s’agit là d’un domaine beaucoup plus difficile à maîtriser.
La revue de questions insiste aussi sur d’autres aspects fréquemment mis en avant dans les articles publiés, notamment le fait :
(1) que la reconnaissance des champions pratiquants (de la Check-list) est une bonne voie pour convaincre la communauté;
(2) que le succès de la check-list n’empêche pas des améliorations continues de son contenu pour la rendre plus performante, particulièrement la réduction des doublons d’items quand d’autres contrôles sont déjà faits avant dans les pratiques.
Les auteurs regrettent aussi que la C/L de l’OMS ait créé un standard qui freine l’adoption de C/L encore meilleure comme SURPASS.
Par ailleurs, l’article présente une analyse sommaire mais très intéressante en plein texte de la bibliographie citée.
Source : Treadwell J., Lucas S., Tsou A. Surgical check-lists: a systematic review of impacts and implementation, BMJQS 2013, ahead of pub
Mon avis : un bon article, très honnête sur le fond, pour se donner une idée globale du bénéfice de l’introduction de la check-list, même si le recul sur l’analyse de causalité reste modeste.